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Attentat en Isère : ouverture d'une information judiciaire pour terrorisme

Le procureur de la République de Paris, François Molins, a expliqué mardi, lors d'une conférence de presse, que la nature terroriste de l'attaque de vendredi à Saint-Quentin-Fallavier ne fait pas de doute, quoiqu'en dise Yassin Salhi. Il a ajouté que ce dernier "a la mémoire sélective" et se cache derrière "une prétendue amnésie".
Article rédigé par Lorrain Sénéchal
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (François Molins, procureur de la République de Paris © capture écran LCI)

Le procureur François Molins a confirmé mardi l'ouverture d'une information judiciaire, notamment pour "assassinat en lien avec une entreprise terroriste", malgré la défense de Yassin Salhi, qui a "la mémoire sélective" , selon le magistrat.

Dans une conférence de presse, François Molins est revenu sur les faits. Il a confirmé que Yassin Salhi, 35 ans, a foncé vendredi peu après 9h30 avec la camionette de sa société de transports, sur plusieurs bonbonnes de gaz dans un "premier hangar" du site classé Seveso de l'entreprise Air Products. Il s'est ensuite rendu "dans un second hangar" pour tenter "d'ouvrir des bouteilles d'acétone" . "Il a crié 'Allah akbar'" , a précisé François Molins. Les pompiers l'ont arrêté, ils ont trouvé sur lui "un long couteau " et "un téléphone portable" .

"Il l'a assommé avec un cric, puis étranglé"

En garde à vue, Yassin Salhi a expliqué "comment il a tué son employeur" , Hervé Cornara, dont la tête a été retrouvée décapitée vendredi sur le grillage du site Seveso de Saint-Quentin-Fallavier (Isère). "Il l'a assommé avec un cric, puis étranglé" , selon ses dires. "Puis il l'a décapité."  Il a ensuite organisé sa macabre mise en scène : la tête était encadrée de deux drapeaux frappés de la chehada, la profession de foi musulmane. 

"L'exploitation du téléphone a permis de découvrir deux photos" , a poursuivi François Molins. L'une est "un selfie, envoyé à un certain 'Youn' en Syrie. (...) 'Youn' s'appelle en réalité Sébastien Younès, un ami d'enfance parti en Syrie, avec lequel il était en contact régulier" . Sébastien Younès a demandé à l'organisation Etat islamique l'autorisation de diffuser le selfie.

"Le mode opératoire correspond à celui de Daech "

Pour François Molins, "le mode opératoire de Yassin Salhi correspond à celui de l'organisation terroriste Daech" . Surtout, pour le magistrat, "tous ces éléments ne cadrent pas avec la version donnée par le mis en cause" . Yassin Salhi continue d'affirmer qu'il a agi "de manière personnelle" , à cause d'un désaccord avec son employeur. "Il a la mémoire sélective " et se cache derrière "une prétendue amnésie ", selon François Molins.

Et de toute façon pour le procureur de la République de Paris, "l'un n'exclut pas l'autre" . Il rappelé la définition pénale du terrorisme : "troubler gravement l'ordre public (...) par la terreur" . François Molins a enfin donné des détails sur le passé récent de Yassin Salhi, fiché 'S' (pour 'sûreté de l'Etat') entre 2006 et 2008 à cause de ses liens avec la mouvance salafiste. Il est, "selon sa soeur, parti en Syrie un an, en 2009" . "En 2011, il est apparu proche d'un individu gravitant autour de la mouvance Forsane Alizza ", a ajouté François Molins. Enfin, François Molins a précisé que sa proximité avec l'islamisme radical, contrairement à sa femme, était "source de tensions dans le couple" .

François Molins a annoncé l'ouverture d'une information judiciaire officiellement pour "participation à une association de malfaiteur terroriste", "enlèvement et séquestration en vue de préparer (...) un assassinat en relation avec une entreprise terroriste" , et "assassinat et tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste" .

L'intégralité de la conférence de presse (1/2)
L'intégralité de la conférence de presse (2/2)
 

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