Baby-Loup : retour du débat sur la laïcité en cour d'appel
Nouveau round dans le feuilleton judiciaire de la crèche Baby-Loup, devenue en cinq ans le symbole du débat sur la laïcité en France. Rappel des faits : en 2008, Fatima Afif, employée de la crèche privée Baby-Loup, à Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines, revient de congé maternité avec l'intention de garder son foulard au travail. La directrice refuse, invoquant la "neutralité philosophique, politique et confessionnelle " inscrite au règlement intérieur, et l'employée est licenciée.
Fatima Afif attaque alors la crèche en justice et est déboutée à deux reprises : une première fois devant le conseil des prud'hommes de Mantes-la-Jolie en novembre 2010, puis devant la cour d'appel de Versailles en octobre 2011. Mais coup de théâtre, le 19 mars dernier, la Cour de cassation annule son licenciement.
La directrice de la crèche "une sorte de Jeanne d'Arc de la lutte contre le voile" pour l'avocat de l'employée
C'est sur cette décision que doit se prononcer à partir de jeudi la cour d'appel de Paris, qui rejuge donc l'affaire sur le fond, comme le permet la procédure. Dans les conclusions qu'il a remises lundi soir, le procureur général François Falletti préconise de ne pas suivre le chemin tracé par la plus haute juridiction judiciaire.
Pour l'avocat de Fatima Afif, "l e seul but de cette audience est de tenir en échec la décision de la Cour de cassation ". "Mme Afif est présentée comme quelqu'un qui a cherché à imposer ses convictions islamiques ; la vérité est que c'est Natalia Baleato (la directrice) qui s'est radicalisée, devenant une sorte de Jeanne d'Arc de la lutte contre le voile au point d'exacerber les tensions dans le quartier ", ajoute-t-il.
Les communautarismes exacerbés depuis la décision en cassation
L'avocat de la crèche Richard Malka, lui, ne doute pas que "la décision de la cour d'appel sera une étape importante dans l'histoire de la laïcité ", érigeant l'affaire Baby-Loup en "symbole national ". Une décision d'autant plus importante que depuis la décision de la Cour de cassation, les communautarismes se sont exacerbés raconte l'avocat : il y a ces parents qui refusent que leur enfant mange dans une assiette décorée de petits cochons, ou qui réclament de la nourriture exclusivement halal... Il y a aussi des pneus crevés, des rayures sur les carosseries de voiture, des accusations d'islamophobie.
"Laissez-nous le droit de créer des crèches laïques ", sinon "il ne faudra pas s'étonner qu'il y ait 150 Brignoles demain ", conclut-il. Fondée en 1991, la crèche fermera ses portes au 31 décembre, conséquence selon ses responsables d'années de procédure et d'un climat de pressions au sein du quartier.
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