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Clichy-sous-Bois : les explications de deux policiers "sérieux" attendues depuis 2005

Le procès des deux policiers pour non-assistance à personne en danger dans l’affaire de Clichy-sous-Bois s’est ouvert ce lundi devant le tribunal de Rennes. Ils ne donnent pas l’impression de comprendre pourquoi ils comparaissent.
Article rédigé par Stéphane Pair
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Deux policiers comparaissent au tribunal de Rennes dans l'affaire "Zyed et Bouna" morts électrocutés à Clichy-sous-Bois il y a près de 10 ans © maxPPP)

Deux policiers comparaissent depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Rennes pour non-assistance à personne en danger. Le procès renvoie à l’affaire de la mort de Zyed et Bouna à Clichy-sous-Bois en octobre 2005. Poursuivi par la police, les adolescents réfugiés dans le local d’un transformateur EDF ont été électrocutés. Leur décès avait déclenché trois semaines d’émeutes dans des banlieues. Les policiers auraient-ils pu sauver les jeunes gens de 15 et 17 ans s’ils avaient lancé des recherches vers le lieu dangereux ou s'ils avaient alerté EDF ? C’est ce que la justice cherche à déterminer.

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Deux policiers très jeunes lors des faits

C’est la première fois que les deux policiers s’expriment en public, mais uniquement à la barre. Sébastien et Stéphanie sont entrés dans la salle d’audience par une porte dérobée. Ils ont évité les caméras, comme ils l’ont fait pendant dix ans pour se protéger, eux et leurs proches. Sébastien s’est exprimé en premier. C’est lui qui le 27 octobre 2005 a couru après les deux garçons en direction du site EDF. C’est ce policier qui a lancé cette réflexion sur la radio et à destination de sa collègue, "s’ils sont entrés, je ne donne pas cher de leur peau ". Sébastien avait 31 ans au moment des faits. 

"J’estime ne pas être à ma place aujourd’hui et je suis toujours fier d’être policier."

Revenant sur la période de la mort de Zyed et Bouna, il ajoute qu’il était totalement "dépassé" après les faits et qu'il a demandé à son chef de ne plus être posté sur la voie publique.

"Je suis père de famille, je peux comprendre les familles des victimes."

Vient le tour de la déposition de Stéphanie, qui avait 28 ans lors de la mort de Zyed et Bouna. Cette mère de deux enfants aujourd’hui avait alors la lourde responsabilité de tenir la permanence radio, au commissariat de Livry-Gargan. Emue, la jeune femme souligne qu’elle n’était qu’une débutante, qu’une "bleue ". Comme son collègue, elle ne semble pas comprendre pourquoi elle se retrouve au tribunal. Sébastien est considéré par sa hiérarchie comme quelqu'un de "sérieux " et "respectueux" . Sa collègue est, elle, décrite par ses supérieurs comme "consciencieuse " et "respectueuse ".

Un représentant du syndicat policier Alliance, Loïc Lecouplier, a rappelé lundi qu'aucune faute n'a été reprochée aux deux fonctionnaires par l'Inspection générale des services. Ils risquent néanmoins, au maximum, cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende. 

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