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Détenus radicaux regroupés : "une bombe à retardement" pour la contrôleure des prisons

Dans un rapport publié ce mardi, Adeline Hazan en charge du contrôle des prisons, critique les "U2P", ces "unités de prévention du prosélytisme" censés isoler les détenus islamistes : "Les conditions de regroupement des détenus radicaux ne sont pas réunies."
Article rédigé par Stéphane Pair
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Adeline Hazan, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté © MAXPPP)

Pour ce rapport, la contrôleure des prisons et ses équipes ont rencontré les personnels pénitentiaires de Fresnes, le seul endroit où l'on regroupe aujourd'hui les détenus les plus ancrés dans l'islamisme. L'un de ces "regroupés" témoigne. "Certains détenus me font peur. Ils veulent me mettre la tête à l'envers. Je ne veux pas rester avec eux ". Pour le directeur de Fresnes au contraire : "Regrouper, cela fait baisser la pression dans le reste de la détention ."

 

Alors que le dispositif de "regroupement des barbus" comme disent les surveillants, expérimenté à Fresnes fin 2014 doit être introduit d'ici la fin de l'année dans trois nouvelles prisons, Fleury, Osny et Lille-Annoeullin, la contrôleure des prisons remet en cause son principe et le juge "potentiellement dangereux " dans son avis publié ce mardi au Journal officiel - voir plus.

Dans l'attente des outils nécessaires

Selon Adeline Hazan, la France n'a pas les outils pour évaluer le niveau exact des détenus radicaux dans ses prisons. Ce mélange est détonant. On ne mesure pas ses effets pervers à long terme. Ce que résume un cadre de la pénitentiaire ainsi : "Ce sera tout bénéfice pour les recruteurs. Ils trouveront sur place tous ceux dont ils ont besoin. Ils échangeront leur carte de visite pour plus tard ".

Interrogé sur France Info, Adeline Hazan a estimé que la mesure de regroupement a été annoncée "trop tôt" et "sans recul" par Manuel Valls, "dès le 21 janvier" a-t-elle rappelé. Ce qui l'inquiète, c'est la promiscuité possible entre les détenus "qui sont partis sur un coup de tête en Syrie et ceux qui ont tête l'idée de mener des attentats" . Et même ceux là, ajoute-t-elle, "je pense qu'il ne faut pas les regrouper" .

"Faire ce mélange détonant entre des détenus particulièrement dangereux, c'est l'effet cocotte-minute, c'est une bombe à retardement."

"Il faut répartir ces détenus dans différentes prisons" : Adeline Hazan, contrôleuse des prisons

 

Christiane Taubira a répondu lundi soir à ce rapport. La garde des Sceaux a estimé les inquiétudes de la contrôleure des prisons "fondées " mais se veut rassurante. Les individus les plus dangereux seront dispersés dans les cinq futures U2P. Aujourd'hui, 190 personnes sont détenues en France pour des faits de terrorisme liés à l'islam.

 

  

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