Disparition de 50 kg de cocaïne aux Stups : comment est-ce possible ?
Où se trouvait la drogue ? Qui pouvait y avoir accès ?
Pas grand monde et c'est bien pour cela que la police judiciaire est gênée. Il est difficile d'imaginer que ce soit un visiteur ou un gardé à vue qui ait mis la main sur la cocaïne. "C'est forcément quelqu'un de chez nous ", souffle un policier.
Lorsque de la drogue est saisie lors d'une opération elle est placée sous scellée et est entreposée au "36", au sein même de la brigade des stupéfiants, dans une toute petite pièce sécurisée. La porte d'entrée étant blindée, seuls quelques policiers ont la clé : le directeur de la PJ parisienne, son adjoint, le patron de la brigade des stups, et quelques enquêteurs.
Est-ce que les allées et venues dans ce local sont répertoriées ?
Non. Plusieurs responsables syndicaux se demandent pourquoi il n'y avait pas de caméra dans cette chambre forte, pour filmer les entrées et les sorties. Le manque de moyens pourrait expliquer cette absence. En effet, les locaux du 36 quai des Orfèvres, aussi mythiques soient-ils, sont vétustes. Ils ne sont plus adaptés aux méthodes de travail actuelles des policiers. Un déménagement est prévu dans les années à venir. Mais, dans l'attente, il n'y a pas d'investissement effectué pour transformer ces locaux.
Pourquoi les policiers entreposent-ils la drogue ?
La drogue n'a pas vocation à rester stockée ad vitam aeternam . Les saisies de stups sont systématiquement détruites. Cependant, au début, pour les besoins de l’enquête, la drogue est placée sous scellée et stockée. Des analyses scientifiques et des prélèvements sont généralement effectués. Il revient ensuite à la justice, au procureur ou au juge d'ordonner la destruction de ces scellés.
Reste que le stockage de la drogue est un vrai problème. Dans certains commissariats de banlieue, "les collègues ne savent même plus où mettre les barrettes de shit" , confiait tout à l'heure un policier, qui ajoutait ironiquement, "parfois la drogue finit au barbecue" .
L'IGPN, la police des polices, a-t-elle des pistes, des suspects ?
Officiellement , toutes les hypothèses restent envisagées. L'IGPN a déployé des moyens colossaux pour tenter de retrouver la drogue. Des chiens spécialisés dans la détection de stups sont déjà au "36" depuis hier. Tous les policiers de la brigade ont été auditionnés.
Si elle tient une piste, l'IGPN pourrait envisager de perquisitionner les domiciles de certains flics. La vidéosurveillance du "36" va également être exploitée. Car, le bâtiment n'est pas une citadelle imprenable, et l'on n'en sort pas, avec sous les bras, 50 kilos de cocaïne. En outre, si la drogue est sortie, c'est pour être écoulée. "50 kilos de cocaïne sur le marché ca ne passera pas inaperçu", lâche un policier. "Il y a bien quelqu’un qui va finir par baver."
Peut-on imaginer que la drogue ait servi à "rémunérer" ou "remercier" des indics de la brigade des stups ? On sait, Elodie, que c'est une méthode employée par certains policiers...
Non ce n'est pas imaginable sur une telle quantité. Plusieurs experts confirment : sur une saisie de 5 kilos, il arrive que seuls 4,5 soient déclarés en procédure. Les 500 grammes restants servent à obtenir des informations auprès d'indics, et à résoudre d'autres enquêtes. Ce n’est pas légal, mais la pratique est courante. En revanche, remettre dans la nature 50 kilos de cocaïne pour des raisons "professionnelles" est inenvisageable.
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