Djihadistes français : ce que l'on sait de Mourad Fares

Mourad Fares a trente ans, aujourd'hui même. Il est originaire de Thonon-Les-Bains, en Haute-Savoie. C'est là qu'il a grandi, entouré de trois frères et de deux sœurs, dans une famille marocaine bien intégrée, qui n'a jamais eu la moindre lecture radicale du Coran. Mourad Fares est décrit comme un garçon plutôt brillant. En 2005, il décroche son bac scientifique avec mention, il part étudier à Lyon, des études d'hôtellerie, inachevées.

A cette époque, il se lie d'amitié avec un journaliste du magazine Vice, un journaliste qui raconte que Mourad Fares buvait de l'alcool et n'avait en apparence pas le profil d'un jeune embrigadé dans une mosquée. Mais, ensuite, tout bascule. Sa famille commence à observer chez lui une radicalisation religieuse. Il y a un peu plus d'un an, Mourad Fares quitte subitement son appartement lyonnais, il passe voir ses parents, et au bout de trois jours, sans prévenir, il s'en va, avec un petit sac. C'est sans doute son premier départ pour la Syrie. C'était en juillet 2013.

Très vite, Mourad Fares montre un nouveau visage sur Facebook. Il s'est laissé pousser la barbe. Il dit qu'il vit à Alep. Il s'affiche aux côtés d'un combattant cagoulé, enrôlé dans les rangs de l'Etat Islamique en Irak et au Levant, devenu Etat Islamique. Sur Facebook, Mourad Fares se fait désormais appeler Abou Hassan ou Mourad Al-Faransi, Mourad le Français.

Mourad Fares alias Abou Hassan se présente alors lui-même comme l'un des principaux recruteurs des djihadistes Français en Syrie...

Oui, Mourad Fares ne s'en cache pas.  Il se vante même d'être le principal recruteur des jeunes Français qui ont rejoint le djihad en Syrie. Il le confie au journaliste de Vice avec qui il avait sympathisé à Lyon. En février dernier, ce journaliste a échangé sur Facebook avec Mourad Fares.

"Tu dis que tu es recruteur ?" interroge le journaliste. "Oui, plutôt "on" prêche ", précise Mourad Fares, qui avait rejoint ces derniers mois le Front Al-Nosra. "Tous les djihadistes dont on parle dans les journaux sont passés par moi, les dix jeunes de Strasbourg, les deux jeunes de Toulouse, la mineure de 16 ans et beaucoup d'autres ". Mourad Fares ajoute : " Je ne suis pas prêt de rentrer en France, si je rentre demain, je suis parti pour quinze ou vingt ans de prison avec le dossier qu'ils ont sur moi. "

Et pourtant, il a semble-t-il décidé de rentrer de lui-même, en passant par la Turquie.

Oui, il y a presque un mois jour pour jour, Mourad Fares se présente au consulat de France, à Istanbul. Il réclame un laissez-passer consulaire, pour des raisons que l'on ignore. Les autorités françaises demandent alors aux policiers turcs de l'arrêter. Ce n'est que dans la nuit de mercredi à jeudi qu'il a été expulsé vers la France, immédiatement accueilli par les policiers de la DGSI, avant d'être conduit devant un juge antiterroriste.

Pour le ministre de l'Intérieur, cette arrestation est une "bonne nouvelle " car Mourad Fares est un "terroriste dangereux " dit Bernard Cazeneuve. En entendant le ministre sur les ondes, l'un des frères de Mourad Fares a appelé France Info hier soir, pour livrer son propre témoignage. Un témoignage exclusif, au micro de Gaële Joly. Le grand frère de Mourad Fares assure que son petit frère est un repenti.

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Mourad Fares est-il vraiment un djihadiste repenti ? Ou voulait-il rentrer en France pour commettre un attentat ? Aucun élément dans le dossier ne permet de le suspecter de projet d'attentat terroriste, à ce stade. Mais hier soir, il a été mis en examen pour quatre chefs d'accusation différents, association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste pour des faits commis en France et en Syrie, pour financement de terrorisme et enfin direction d'un groupe terroriste. Mourad Fares vient de passer sa première nuit en détention provisoire.