Info franceinfo Chantage à la vidéo intime à Saint-Étienne : Gaël Perdriau a chargé son ancien directeur de cabinet, lors de son audition fin janvier

Dans l'affaire du chantage à la sextape visant son ancien adjoint, le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, s'est défendu devant les juges d'instruction en mettant la responsabilité sur son ancien directeur de cabinet, Pierre Gauttieri.
Article rédigé par Yannick Falt
Radio France
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Le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau lors du conseil municipal le 29 janvier 2024. (REMY PERRIN / MAXPPP)

Lors de son audition devant des juges d'instruction, fin janvier dans l'affaire du chantage à la sextape, Gaël Perdriau, maire de Saint-Étienne, a chargé son ancien directeur de cabinet Pierre Gauttieri, a appris franceinfo, qui a pu consulter le compte-rendu de son audition. L'édile stéphanois est soupçonné d'avoir utilisé une vidéo intime pour exercer un chantage sur son ancien adjoint Gilles Artigues. À la suite de cette audition, il a été mis en examen pour "pour participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre un chantage". Il avait déjà été mis en examen en avril 2023 pour chantage et placé sous le statut de témoin assisté pour "détournement de fonds publics par un dépositaire de l'autorité publique".

Le 19 janvier, Gaël Perdriau est entendu pendant près de huit heures par les magistrats. Ces derniers l'interrogent sur les propos de son ancien directeur de cabinet lors de son audition, un mois plus tôt. Pierre Gauttieri couvrait jusque-là son ex-patron, mais en décembre il avoue que "c'est bien Gaël Perdriau qui a décidé de faire le Kompromat". "Il savait que ça allait passer à Paris", ajoute l'ancien directeur de cabinet stéphanois.

Des "amitiés maçonniques"

Lors de son audition, Gaël Perdriau dénonce donc "un mensonge". Il accuse "Pierre Gauttieri de chercher à se défendre, à minimiser son implication en [le] chargeant". Les magistrats le relancent, en rappelant que l'ancien directeur de cabinet "a dit qu'il a joué le rôle de fusible et que c'était une décision politique". "Faux, je n'avais pas besoin de pression, je disposais d'une large majorité au conseil municipal", rétorque le maire de Saint-Étienne. Il pointe plutôt "la haine" de son ex-directeur de cabinet envers Gilles Artigues pour "des raisons personnelles", sous-entendant l'existence d'un complot franc-maçon. "Les amitiés maçonniques sont capables de beaucoup de choses", affirme-t-il, en évoquant une forte proximité entre Pierre Gauttieri et Gilles Rossary-Lenglet, l'homme qui avait révélé l'affaire et reconnu son propre rôle dans le Kompromat.

Malgré ces accusations qui mettent à mal sa défense, Gaël Perdriau persiste et nie être à l'origine d'une machination destinée à nuire son ancien adjoint. "Cette vidéo, je ne l'ai jamais vue, ni détenue", insiste l'élu. Il assure que Pierre Gauttieri lui en a révélé l'existence en 2015.

Le maire se dit "victime collatérale"

Interrogé sur la rémunération de Gilles Rossary-Lenglet pour cette sextape, via notamment une subvention de 40 000 euros à deux associations, Gaël Perdriau répond ne pas être au courant et que cela ne relève pas de sa décision. Il affirme aussi ne pas non avoir été au courant du projet d'un autre chantage visant à compromettre l'ancien maire Michel Thiollière avec une prostituée mineure, le jugeant "ignoble et dangereux".

Gaël Perdriau affirme par ailleurs n'avoir jamais menti depuis le début de l'affaire du chantage à la vidéo intime, dont il se dit "victime collatérale". L'élu, toujours en place malgré sa triple mise en examen, dénonce "la violation du secret de l'instruction, une justice qui fait davantage de place à la présomption de culpabilité que d'innocence et un lynchage médiatique depuis 18 mois" qui, selon lui, a "pour but de le détruire".

Sollicités par franceinfo, ni Gaël Perdriau ni ses avocats n'ont souhaité réagir.

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