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Info franceinfo Chlordécone : cinq Antillais portent plainte contre les opérateurs de l’eau

Un mois après le non-lieu prononcé dans le dossier pénal de la contamination au chlordécone, des particuliers ont décidé d’entamer une action en justice contre les gestionnaires de l'eau guadeloupéens, a appris franceinfo mercredi. 

Article rédigé par Stéphane Pair
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Une femme marche près d'un barrage routier à Sainte-Rose, en Guadeloupe, le 29 novembre 2021. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Nouvelle étape dans le dossier du chlordécone. Cinq citoyens antillais ont décidé de saisir mercredi le tribunal judiciaire de Pointe-à-Pitre contre les acteurs privés et publics chargés de la distribution de l’eau en Guadeloupe, a appris mercredi 8 février franceinfo auprès de leur avocat. Les plaignants affirment que les difficultés d'accès à l'eau et d'assainissement sur l'île pénalisent et mettent en danger la population. Ils dénoncent notamment la vétusté du réseau, son entretien défaillant et la mauvaise qualité de l'eau.

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Un mois après le non-lieu prononcé dans le dossier pénal de la contamination au chlordécone, le 5 janvier, des particuliers ont décidé d’entamer une action en justice contre les gestionnaires de l'eau guadeloupéens. L'avocat des plaignants - Emmanuel Daoud - a donc déposé une plainte pour "exposition d'autrui à un risque immédiat de mort ou de blessure de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente". La plainte vise le Syndicat mixte de gestion de l'eau et de l'Assainissement de Guadeloupe (Smgeag), le Syndicat intercommunal d'alimentation en eau et assainissement de la Guadeloupe (Siaeag) et la Communauté d'agglomération Grand Sud Caraïbes pour des faits qui remontent au 1er janvier 2017 jusqu'à ce jour.

Coupures et mauvais assainissement   

D'après la plainte, que franceinfo a pu consulter, les plaignants soulignent plusieurs problèmes. Tout d'abord, les coupures d'eau : "Le département français de la Guadeloupe subit depuis une trentaine d'années des coupures d'eau très fréquentes affectant l'ensemble de la population vivant sur son territoire." Des coupures qui touchent et "perturbent gravement les institutions publiques et notamment les hôpitaux", si bien que "la prise en charge des patients ne peut pas se faire dans le respect des normes sanitaires minimales." La plainte précise que "des milliers d'habitants subissent régulièrement ces coupures" qui peuvent durer "plusieurs heures, voire plusieurs jours."

Concernant la qualité de l'eau distribuée, la plainte mentionne l'Office de l'eau de Guadeloupe qui "relève que la potabilité de l'eau n'est pas toujours assurée, notamment parce qu'elle contient des niveaux élevés de chlordécone." En cause : "un mauvais assainissement de l'eau." La plainte s'appuie sur des chiffres : "En 2017, 70% des stations de traitement des eaux usées (Steu) en Guadeloupe n'étaient pas conformes à la réglementation applicable. En 2018, 73% des Steu n'étaient pas conformes."

Risques sanitaires   

Un constat également fait par l'Observatoire de l'eau en Guadeloupe. Il rapporte qu'"une partie de l'eau courante domestique est impropre à la consommation en raison de sa contamination au chlordécone." Une contamination qui "peut avoir des conséquences directes sur la santé et a été classée comme cancérigène possible par l'Organisation mondiale de la santé (OMS)."

"À partir du moment où il y a eu ce constat de l'Office de l'eau de Guadeloupe, cela veut dire que l'eau qui est distribuée n'est pas potable, notamment parce qu'elle a est susceptible d'avoir été empoisonnée par le chlordécone", déclare à franceinfo Emmanuel Daoud, avocat dans ce dossier. "Est-ce qu'aujourd'hui on est en mesure de savoir quelles sont les conséquences à moyen et à long terme de l'ingestion de ces types d'eau ?", interroge l'avocat. "La réponse est non". "Est-ce que cette eau est polluée par le chlordécone ?", poursuit-il. "Oui". "Est-ce que c'est une substance nocive pour la santé ?" La réponse est à nouveau oui, selon l'avocat.

"On est face à une situation totalement anormale sur le plan sanitaire, environnemental, sur l'accès à l'eau et le droit à la santé et cela doit cesser."

Emmanuel Daoud, avocat

à franceinfo

Les plaignants déplorent que "les opérateurs chargés de l'eau, les autorités nationales et locales n'aient pas pris de mesure corrective suffisante" pour "prévenir et remédier aux risques sanitaires dénoncés par les associations et révélés par les relevés de l’eau", par le "rapport d'audit interministériel de 2018", lequel évoque explicitement "des tentatives de solutions intéressantes, mais aujourd’hui encore insuffisantes" ou encore par le rapport de l'enquête parlementaire de 2021.

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