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Jérôme Kerviel à nouveau devant la justice

Lourdement condamné en 2010 - cinq ans de prison, dont trois ferme, et remboursement des 4,9 milliards perdus - Jérôme Kerviel comparaît en appel à partir d'aujourd'hui. Nouvel avocat, nouvelle tactique : Kerviel entend bien accuser la Société Générale de mensonge et manipulation.
Article rédigé par Guillaume Gaven
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

Un mois pour convaincre. Jérôme Kerviel n'a finalement pas grand-chose à perdre, lors de son procès en appel qui s'ouvre ce matin et va durer tout le mois de juin.

En première instance, le tribunal correctionnel l'avait jugé seul responsable des pertes de la Société Générale, et l'avait condamné à cinq ans de prison, dont trois ferme, et à des dommages et intérêts défiant la raison : 4,9 milliards d'euros, la perte subie par la banque en 2008. Ce qui fait de lui "l'homme le plus lourdement condamné de l'Histoire" , selon son avocat. S'il reversait l'intégralité de son salaire actuel - 2.300 euros par mois - il lui faudrait 180.000 ans pour rembourser.

La justice lui reproche d'avoir pris, à l'insu de sa hiérarchie, des positions spéculatives hors norme, sur des dizaines de milliards, et d'avoir déjoué les contrôles avec des opérations fictives, des fausses écritures et des mensonges répétés. En première instance, son avocat d'alors avait tenté de démontrer que la banque savait ce que faisait son trader. Pire, qu'elle l'encourageait. En vain.

"L'homme le plus lourdement condamné de l'Histoire"

En appel, Kerviel risque de redire qu'il refuse de payer pour tout le monde. Que sa hiérarchie l'a couvert. Qu'il n'a eu pour seul but que de faire gagner de l'argent à la banque. 

Avec son nouvel avocat Me David Koubbi, qui fut le conseil de Tristane Banon, sa nouvelle ligne sera plus offensive :selon lui, la banque savait tout, et a caché ce fait par des manipulations quand l'affaire a mal tourné.

Son avocat a déposé coup sur coup deux plaintes contre la Société Générale. Première plainte, pour "escroquerie au jugement" : la banque est accusée d'avoir oublié de dire au tribunal qu'elle avait récupéré 1,7 milliard sur les 4,9, grâce à un mécanisme fiscal. Seconde plainte, pour "faux et usage de faux" : la banque aurait tronqué des enregistrements à charge. La Société Générale a riposté par deux plaintes en dénonciation calomnieuses.

Le procès s'ouvre ce matin. A raison de deux journées et demie d'audience par semaine, il durera jusqu'au 28 juin. L'arrêt devrait être rendu en septembre.

 

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