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Jugé pour avoir aidé sa femme à mourir : "On s'était fait une promesse. J'ai tenu parole"

Il y a trois ans, Jean Mercier a aidé son épouse Josanne à se suicider. Mardi après-midi, il comparaît pour non-assistance à personne en danger devant le tribunal correctionnel de Saint-Etienne (Loire) et risque cinq années de prison. A 87 ans, l'homme assume pleinement son acte. "On s'était fait une promesse"', explique-t-il.
Article rédigé par Delphine Gotchaux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Jean Mercier en janvier 2015, lors d'une conférence de presse de l'ADMD, l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité © MaxPPP)

Il a 87 ans et ce mardi après-midi, pour la première fois de sa vie, il est convoqué devant la justice. Jean Mercier comparaît devant le tribunal correctionnel de Saint-Étienne pour non-assistance à personne en danger. En novembre 2011, il a aidé sa femme âgée de 83 ans à mourir. Il a bénéficié d'un non-lieu pour homicide volontaire, mais la justice a estimé qu'il aurait dû appeler les secours une fois que sa femme a pris les médicaments qui l'ont fait mourir.

"Un matin elle m'a dit 'j'en peux plus, amène-moi les médicaments" Jean Mercier

Ils se connaissaient par cœur, 55 ans de vie côte à côte. Alors lorsque Josanne lui demande, un matin de novembre, de lui donner ses médicaments, Jean Mercier a immédiatement compris. Depuis plus de 20 ans, son épouse souffrait de dépression, d'une fragilité osseuse qui la minait. Elle avait déjà fait plusieurs tentatives de suicide. Quelques semaines avant ce 10 novembre, elle s'était cassée le poignet, souffrait de plus en plus. "On s'était fait une promesse, confie l'octogénaire. J'ai tenu parole. On s'était dit que quand l'un ou l'autre aurait de gros ennuis et ne voudrait pas aller plus loin, l'autre ferait tout ce qu'il peut pour l'aider".

"Au moment où c'est arrivé, on s'est rendu compte que c'est un acte très difficile. Comme on s'était promis, on ne peut pas revenir sur ce qu'on s'est dit" 

Jean Mercier tient alors sa promesse, il donne à sa femme les médicaments qu'elle réclame, elle les avale, il lui tient la main jusqu'à son dernier souffle. Et c'est pour ne pas avoir appelé les secours qu'il est jugé. "Je l'ai accompagnée jusqu'à ce qu'elle meure, raconte Jean Mercier. Qu'elle ait fini de souffrir, qu'elle aille bien".

Une circulaire du garde des Sceaux datant de 2011 demande pourtant aux parquets de faire preuve de mesure dans les poursuites engagées dans ce type d'affaires. Jean Mercier lui ne regrette pas son geste, pas une seconde. "Elle aurait fait je pense la même chose pour moi," assure-t-il. Il risque jusqu'à cinq ans de prison, mais il le répète : "je vais au tribunal le plus sereinement du monde, c'est pas du baratin."

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