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Jugement dans le procès Xynthia : entre soulagement et tristesse

L'ancien maire de La Faute-sur-Mer, René Marratier, et son ex-adjointe à l'urbanisme, Françoise Babin, ont été condamnés à respectivement à quatre et deux ans de prison ferme pour la mort de 29 personnes lors du passage de la tempête Xynthia en 2010. Un jugement accueilli avec soulagement mais sans euphorie par les parties civiles.
Article rédigé par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (René Marratier l'ancien maire de La Faute sur mer au moment de la tempête a été condamné à quatre ans de prison ferme © Maxppp)

A l’énoncé du verdict, qui condamne respectivement les deux anciens élus à quatre et deux ans de prison ferme, sur le banc des parties civiles, c’est d’abord un grand silence, puis des sanglots. "Pendant des années ils ont bagarré en disant : ‘Nous sommes victimes et ils sont coupables’, ce qui était nié. Et je dirais qu’au-delà des peines qui sont exemplaires, très sévères, c’est un comportement d’élus, qui est unique, qui est sanctionné ", a réagi Corinne Lepage, avocate de l'association des victimes et de plus de 120 parties civiles.

Réactions avec le jugement avec Delphine Gotchaux, du service police/justice de France info. Au micro de Mathilde Munos

Un procès pour servir d’exemple

Pour Renaud Pinoit, le président de l'Avif, l'association des victimes, avec ces condamnations, justice a été rendue. "C’est un message très important pour nous évidemment. On a dit qu’il fallait que le procès soit exemplaire, il l’a été. Le jugement l’est aussi. Pour nous c’est primordial dans le sens où il faut que les 29 victimes de la Faute-sur-Mer servent à quelque chose. On n’est pas dans la vengeance mais c’est essentiel de dire à la population : ‘Attention, on ne vit pas dans des zones dangereuses comme ça, impunément, il faut absolument faire attention aux inondations’. Ce message là est en train de passer et c’est très bien pour nous ", explique-t-il.

 

Pour Olivier Dussopt, qui préside l'association des petites villes de France, ce jugement "peut créer des précédents ". "La condamnation est à un niveau qui n’a jamais été atteint pour une erreur ou une faute, reconnues par un tribunal en tout cas, dans l’exercice d’un mandat et sur l’application de règles", souligne-t-il. "La difficulté qu’il y a, c’est que c’est avant tout un drame humain et que les familles des 29 victimes méritent réparation, demandent, et avec justice, réparation. Il est donc extrêmement compliqué de tirer des conclusions générales de ce cas marqué par un drame [...] Et en même temps, ce jugement vient souligner le fait que lorsque des hommes et des femmes s’engagent dans des responsabilités municipales, leur responsabilité personnelle peut être engagée ", poursuit-il.

 

Selon Olivier Dussopt, ce jugement aura des incidences sur la prévention des risques. Au micro de Raphaëlle Duchemin.

"On ne va pas faire la fête parce qu’il y a des condamnations"

Thierry Berlemont  est l'un des sinistrés de la tempête Xynthia. Pour lui, justice a été rendue, mais rien ne lui fera oublier cette nuit du 27 au 28 février 2010.  "C’est beaucoup d’émotion parce que cette nuit là on a failli y passer, j’ai encore tous les cris dans la tête. J’avais mes deux filles avec moi et j’ai failli les perdre. C’est un vrai soulagement mais en même temps c’est mélanger avec une vraie tristesse. Je pense à tous ceux qui sont morts, à cette nuit terrifiante et aux cinq années qui ont été très difficiles ", explique cet habitant de La Faute-sur-Mer. "Mais je ne suis pas non plus réjoui que les gens soient envoyés en prison. C’est des gens que je connaissais. Ce n’est pas euphorique, on ne va pas faire la fête parce qu’il y a des condamnations. Mais il faut que justice se fasse. La justice a fait son travail et ce procès doit servir d’exemple. Tous les élus qui pensent qu’ils peuvent faire n’importe quoi, c’est terminé ", poursuit-il.

 

Pour Thierry Berlemont, ce verdict est "un vrai soulagement", mélangé à "une vraie tristesse". Au micro de Corinne Audouin
 

Les avocats de l’ancien maire de la Faute-sur-Mer, René Marratier, dénoncent, eux, une décision politique fondée, disent-ils, sur l’émotion et pas sur le droit.  "Je pense que je suis le lampiste bouc-émissaire de la situation ", a réagi l’élu, qui a décidé de faire appel du jugement. 

 

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