Enquête France 2 : des plaintes refusées par centaines dans les commissariats ou gendarmeries
Des centaines de victimes ont franchi la porte de la gendarmerie ou du commissariat pensant trouver de l’aide, mais ont vu leur plainte rejetée. En décembre dernier, Lionel Blain a voulu porter plainte après avoir découvert une caméra à l’entrée d’un garage qu’il partage avec les propriétaires. "Ils ont rigolé et m’ont fait comprendre qu’il était hors de question de prendre mon dépôt de plainte", raconte-t-il. D’après les gendarmes, aucune enquête n’est justifiée. Pourtant, les officiers sont tenus par la loi d’enregistrer toutes les plaintes d’infraction pénale, une obligation pas toujours appliquée.
Un chat mis en place entre policiers et victimes de violences conjugales
En 2022, 240 refus ont été relevés par la défenseur des droits, avec des conséquences parfois lourdes. "J’ai passé le cap du commissariat où j’ai expliqué que je me faisais menacer, que je recevais des insultes, que j’avais très peur et que je savais que j’allais bientôt y passer. [...] Le policier a pris une main courante et en sortant de son bureau, il m’a dit : 'Vous savez madame, une claque, des insultes dans un couple, ça peut arriver. Il faut penser à vos enfants parce que si vous déposez plainte, il y aura plein de conséquences'", témoigne une victime de violences conjugales victime d’une tentative d’étranglement dans les heures qui ont suivi sa déposition.Une consigne a depuis été donnée de prendre des plaintes plutôt que des mains courantes dans les affaires de violences conjugales. Pour certaines associations, l’accueil reste inégal selon les commissariats. "Il y a des commissariats où on sait que ce n’est pas la peine qu’elles y aillent parce qu’on a des témoignages dramatiques", regrette Florence Élie, présidente de l’association Elien Rebirth. Selon les autorités, la loi ne laisse aucune place à l’interprétation et si une plainte est refusée, c’est qu’elle n’est pas justifiée. Pour limiter les refus, il existe un chat entre policiers et victimes de violences conjugales. Sur 15 000 discussions en 2022, les deux tiers ont abouti à une plainte.
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