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Kouachi–Coulibaly : un échec des services de renseignements ?

Des questions se posent encore ce lundi matin sur le parcours des frères Kouachi et d'Amedy Coulibaly. Comment ces trois djihadistes qui se connaissaient depuis dix ans ont-ils réussi à commettre les attentats les plus sanglants depuis 50 ans en France ?
Article rédigé par Olivier Boy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Les frères Kouachi et Amedy Coulibaly © MAXPPP)

C'est un échec, on le reconnait dans le milieu du renseignement  français parce que les  frères Kouachi ont réussi à tromper les policiers. Ils n'avaient pas du tout été sous-estimés loin de là. Selon nos informations, ils ont été suivis depuis 2011, notamment depuis que les Américains ont prévenu que Saïd, l'ainé, était allé au Yémen. Ils étaient d'ailleurs sur la liste noire des américains, interdits d'entrer sur le territoire. 

 

Les frères Kouachi ont été suivis, physiquement. Ils ont été écoutés et ils ont même été espionnés sur internet. Saïd Kouachi a été suivi comme ça jusqu'à l'été dernier. Mais il n'y avait rien dans leur comportement de suspect d'un point de vue terroriste, selon nos informations. Ils étaient  dans un quotidien de petit délinquant sans grande envergure.

 

Et comme personne ne peut imaginer qu'ils ont  tout mis sur pied en quelques mois, ça veut dire que, pendant tout ce temps, ils ont réussi à tromper les policiers. Et ça correspond à des techniques de dissimulation qui ont été théorisées par les mouvements terroristes. 

La Sécurité intérieure débordée

Pour Amedy Coulibaly, le tueur de la porte de Vincennes, d'une certaine manière, c'est plus embêtant. Lui n'a jamais été suivi. Et pourtant, il avait un profil inquiétant. Il a été condamné à 5 ans de prison pour avoir tenté de faire évader un terroriste des attentats de 1995. Il y avait une notion de radicalisation en prison à Fleury-Mérogis aux côtés en plus de Chérif Kouachi et de Djamel Beghal qui est archi connu des services de police.

 

Et pourtant, quand il sort en mars 2014, il n'est pas suivi. Il y a ceux qui accablent les services de la DGSI en disant qu'ils travaillent mal, qu'ils n'ont pas de relais dans les prison, qu'ils ne savent pas surveiller le profil de jeunes délinquants radicalisés et qui vivent dans les cités. Il y a ceux qui disent qu'ils sont débordés, notamment depuis qu'on leur demande de travailler sur les candidats au départ en Syrie. Cela fait des centaines de cas signalés sur la plateforme. Tout cela représente énormément de travail. Et, dans le monde du renseignement, on se défend aussi en expliquant qu'ils n'ont pas assez de marges de manœuvre.

 

Par exemple, avec les frère Kouachi, on l'a dit, ils sont jugés dangereux, ils sont placés sur écoute mais pas leur femme parce que c'est quelque chose que les policiers du renseignement n'ont pas le droit de le faire.

Des règles de surveillance strictes, trop strictes ?

Quand on est avant la commission d'un acte criminel, les règles sont strictes avec cette peur sous-jacente  de donner trop de pouvoir à la DGSI, genre société Big Brother où tout le monde peut être espionné. Le problème étant que là, quand les policiers ont eu le droit d'aller regarder, ils se sont rendu compte que l'année dernière la femme de Coulibaly et la femme de Kouachi se sont téléphoné 500 fois. Tous les jours il y avait un contact. Avec la conviction que ce n'étaient pas elles qui se parlaient mais bien les terroristes…

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