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La police des polices dans le collimateur de la justice

L'Inspection générale des services est suspectée d'avoir falsifié des PV pour accuser à tort des fonctionnaires de la Préfecture de police de Paris. Le patron de cette dernière dément les attaques.

Article rédigé par franceinfo
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Le préfet de police de Paris Michel Gaudin le 21 janvier 2011 à Paris. Il est visé par l'enquête menée par des juges sur l'Inspection générale des services (IGS). (NICOLAS DATICHE / WOSTOK PRESS / MAXPPP)

La police des polices parisienne serait au cœur d'un scandale judiciaire. Selon des révélations du Monde publiées mercredi 11 janvier, l'Inspection générale des services (IGS) est suspectée d'avoir falsifié des PV pour que soient accusés à tort des fonctionnaires de la Préfecture de police de Paris (PP). Le préfet de police de Paris Michel Gaudin a démenti jeudi "les allégations (le) mettant en cause" personnellement.

• "Trop éloignés du pouvoir sarkozyste" ?

Selon le quotidien, l'IGS, la police des polices parisienne, a voulu nuire, à l'approche de l'élection présidentielle de 2007, à Yannick Blanc, alors directeur de la police générale, à son adjoint Bruno Triquenaux, et à Christian Massard, un policier affecté à la sécurité de l'ex-ministre de l'Intérieur socialiste Daniel Vaillant. "Trois hommes jugés trop éloignés du pouvoir sarkozyste, et très proches du Parti socialiste pour deux d'entre eux", relève Le Monde.

"J'étais un haut fonctionnaire connu pour avoir appartenu à des cabinets de gauche, a réagi Yannick Blanc sur Europe 1Il semble que d'aucun ait considéré que je n'avais pas ma place à un poste de responsabilité. C'est la seule explication que je peux donner car je n'en vois vraiment pas d'autre."

• Innocentés par la cour d'appel de Paris

Dans cette affaire de soi-disant trafic de titres de séjour, quatre fonctionnaires ont été injustement suspendus et mis en examen, avant d'être innocentés en janvier 2011 par la cour d'appel de Paris, explique Le Monde. Lui aussi suspendu mais pas mis en examen, Yannick Blanc a "seulement" été placé en garde à vue, au printemps 2007. Il est aujourd'hui directeur de cabinet adjoint du président socialiste de la Région Ile-de-France.

Son adjoint Bruno Triquenaux a été réintégré "après une action contentieuse", mais pas les deux autres fonctionnaires sous ses ordres. "Innocentes, excellement notées depuis des années et suspendues depuis quatre ans et demi", s'est indigné Yannick Blanc, qui réclame leur réintégration dans un entretien à l'AFP jeudi.

• L'IGS et Michel Gaudin visés par une enquête

Quatre juges mènent aujourd'hui six enquêtes différentes sur l'IGS, branche parisienne de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Le préfet de police de Paris, Michel Gaudin, et le préfet de Bourgogne, Pascal Mailhos, ancien patron des renseignements généraux, sont visés par l’une des procédures, en tant que témoins assistés. 

Pour favoriser la suspension administrative de l'un des hauts fonctionnaires mis en cause en 2007, Michel Gaudin se serait servi d'éléments d'une procédure judiciaire dont il n'aurait pas dû avoir connaissance, précise Le Monde. A son audition en tant que témoin assisté le 15 décembre 2011 au tribunal de grande instance de Paris, le préfet de police souligne le zèle dont il a fait preuve en vue de faire suspendre le haut fonctionnaire, relève le Point, qui a eu accès au procès-verbal.

• Des "allégations infondées" selon la Préfecture de police de Paris

Dans un droit de réponse au Monde, dont l'AFP a eu connaissance jeudi, Michel Gaudin dément "les allégations (le) mettant en cause" personnellement. Il signale n'avoir fait l'objet d'"aucune mise en examen" à l'issue de son audition comme témoin assisté. Il souligne par ailleurs qu'il n'a "jamais eu connaissance d'éléments de procédure judiciaire" le conduisant à suspendre ce haut fonctionnaire.

Estimant que "le fonctionnement et l’impartialité" de ses services ont été mis en cause dans l'article du Monde, la préfecture de police de Paris a dénoncé mercredi des "allégations infondées".

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a pour sa part remis en cause le travail des journalistes du Monde"Sur la foi d'informations tronquées, de pièces de justice partielles, on instruit un procès public, a-t-il affirmé mercredi à l'Assemblée nationale. Cette dérive est grave."

laude Guéant remet en cause le travail des journalistes (France 2)

• Le PS dénonce "une utilisation partisane de la police" 

Si les soupçons de falsification des PV se confirment, cela dénotera "une utilisation partisane de la police", selon le président du groupe socialiste au Sénat, François Rebsamen, sur Twitter. Il a évoqué également "un clan, le clan des amis du 'patron'", Nicolas Sarkozy.

"Cela va sûrement nous amener à accélérer notre réflexion sur la réorganisation des services d'inspection. C'est une affaire grave, dommageable, qui augurait mal de la République irréprochable", a ajouté le chargé des questions de sécurité au sein de l'équipe de François Hollande.

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