Mediator : Jacques Servier mis en examen pour homicides et blessures involontaires
Le
président-fondateur des laboratoires Servier, Jacques Servier, et six entités
juridiques de son groupe ont été mis en examen mardi pour "homicides et
blessures involontaires " dans l'enquête sur le médicament Mediator,
qui aurait fait de 500 à 2.000 morts de 1976 à 2009.
"C'est une étape
importante de l'instruction qui démontre la volonté des juges de ne pas se
contenter d'une parcelle de vérité "
Son
avocat, Hervé Témime, a estimé qu'il s'agissait d'une nouvelle poursuite
attendue : "Nous
avons présenté de très longues observations aux juges et à la suite de ces
observations, les juges ont écarté toute dissimulation à l'égard des autorités
sanitaires à compter de 1995 ", explique-t-il. "C'est une étape
importante de l'instruction qui démontre la volonté des juges de ne pas se
contenter d'une parcelle de vérité et d'établir toute les responsabilités ".
Tromperie
Mis en examen pour homicide et blessures involontaires, Jacques
Servier, 90 ans, devra verser une caution de 75.000 euros et ses sociétés un
total de 2,4 millions d'euros. C'est un deuxième volet des poursuites puisque le
président du groupe pharmaceutique qui porte son nom était déjà poursuivi
depuis septembre 2011 pour "tromperie sur la qualité substantielle d'un
produit, escroquerie et obtention indue d'autorisation ".
Ses sociétés étaient déjà poursuivies pour les deux derniers
chefs : les juges avaient alors imposé quatre millions d'euros de caution
à Jacques Servier, ainsi qu'une garantie portant sur six autres millions. L'évolution
vers les charges d'homicides involontaires résulte "des premiers
résultats d'expertises rentrées au dossier ", lesquels laisseraient
penser que ni Jacques Servier et ni ses sociétés ne pouvaient ignorer les
risques liés au Mediator.
Le Médiator avait été retiré du marché en 2009
Indiqué
pendant trente ans d'abord contre l'excès de graisses du sang, puis comme
traitement adjuvant chez les diabétiques en surpoids, le Mediator a été
retiré du marché le 30 novembre 2009 : destiné aux diabétiques en
surpoids, mais largement prescrit comme coupe-faim, plusieurs études l'accusent
d'avoir causé 500 à 2.000 décès. Un certain nombre d'expertises avaient
établi qu'il provoquait des valvulopathies, affections cardiaques potentiellement
mortelles.
Malgré plusieurs alertes reçues dès 1999, le Mediator avait
été maintenu sur le marché et conservé son remboursement par la Sécurité
sociale. L'affaire avait déstabilisé le système français de santé et conduit à
une remise en cause de la place de l'industrie pharmaceutique, de son influence
et de ses liens avec les autorités politiques.
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