Mourad Benchellali : "Je suis un coupable éternel et ce n'est pas juste"
Mourad Benchellali est arrivé à Roissy ce jeudi midi, trois jours après s'être envolé pour le Canada. Il avait été invité à participer à des débats face aux jeunes, pour les dissuader de partir faire le djihad en Syrie.
Dès son arrivée à l'aéroport de Toronto, alors qu'il devait redécoller pour Montréal, la police de l'immigration canadienne l'avait arrêté. Puis les policiers canadiens l'avaient interrogé toute une nuit. Avant de l'envoyer dans un centre de rétention, puis de l'incarcérer à la prison de Milton, où Mourad Benchellali dit qu'on lui a fait revêtir "une tenue orange", comme à Guantanamo. Devoir porter à nouveau cette tenue est incompréhensible pour celui qui a été reçu ces derniers mois au Sénat ou à Matignon. Il a l'impression d'être considéré "comme un coupable éternel ", quoiqu'il fasse aujourd'hui.
Les Canadiens lui avaient déjà refusé l'accès au pays en juin 2015 - ce sont les Etats-Unis qui l'avaient empêché de monter à bord d'un vol Lyon-Montréal, car Mourad Benchellali est inscrit sur la "No fly list" américaine, en tant qu'ex-détenu de Guantanamo. Cette fois, les Canadiens se sont basés sur l'article 34 du Code de l'immigration, qui permet l'interdiction du territoire pour quelqu'un qui a été en lien avec des affaires terroristes.
"Quoique je dise, on va toujours me renvoyer à mon passé"
Mourad Benchellali avait été détenu à Guantanamo entre 2002 et 2004, après son retour d'Afghanistan où il avait suivi son grand frère à l'été 2001. Lui a toujours dit que ce voyage était "une erreur de jeunesse", et qu'il avait été "pris au piège des camps de Ben Laden". De retour de Guantanamo, il avait été condamné en France pour les mêmes faits à une peine d'un an de prison, qu'il a purgée il y a dix ans. Son interpellation au Canada puis son incarcération pendant 48 heures ont été dit-il, "un choc ".
"On n'a pas pris en compte les raisons pour lesquelles je venais au Canada. Le policier qui m'interrogeait me renvoyait systématiquement à l'Afghanistan. Je me dis, quoique je fasse, quoique je dise, on va toujours me renvoyer à mon passé, que je vais jamais pouvoir en sortir. Je trouve ça injuste. Je ne sais pas comment en sortir. "
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