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"On a voulu me faire passer pour un monstre" : un père accusé d’attouchements sexuels par sa fille dénonce une manipulation

Dans une vidéo, devenue virale le 17 avril, une fillette de neuf ans accuse son père d'attouchements sexuels, dans un hôpital en Martinique. Son père clame son innocence depuis La Rochelle, où il réside.

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue, franceinfo - Edité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La chambre de Lily-Rose, chez son père à La Rochelle. (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIO FRANCE)

"Ma fille est instrumentalisée depuis sa naissance, et ce que vous voyez ici sur ces images, en fait ce n’est que le résultat de cette instrumentalisation" : ce sont les mots du père de Lily-Rose, cette petite-fille au coeur d'une bataille judiciaire.

Dans une vidéo glaçante, partagée le 17 avril sur les réseaux sociaux et rapidement devenue virale, la fillette, en grande détresse, est dans une chambre d'hôpital en Martinique. Elle supplie le personnel autour d'elle de ne pas laisser son père, présent dans la pièce, l'emmener, et hurle ces mots crus : "Je ne veux pas qu'il pose son sexe contre mon sexe." Son père tente de la calmer, en l'appelant par son prénom, mais les cris redoublent d'intensité. 

Un "monstre", un "dégénéré"

La vidéo récolte des centaines de milliers de vues et une avalanche de commentaires d'internautes horrifiés par ce père qualifié de "monstre", de "dégénéré". Après un signalement via sa plateforme Pharos, la police annonce sur Twitter l'ouverture d'une enquête, tweet relayée par la ministre de la Santé Agnès Buzyn qui remercie les internautes pour leur réactivité et dit vouloir comprendre.

Six ans sans voir sa fille

Mais la réalité est plus complexe que ce que ces images insoutenables laissent paraître. Cette fillette est au coeur d'une longue bataille judiciaire entre les parents pour en obtenir la garde. Le père a un droit de visite et d'hébergement mais n'avait pas vu sa fille depuis 6 ans. C'est pour ne pas l'avoir respecté à plusieurs reprises que sa mère a été condamnée à 9 mois de prison ferme, mais aussi pour dénonciations calomnieuses. Elle l'a accusé d'attouchements sexuels sur l'enfant de nombreuses fois. Une plainte pour ces faits a été classée sans suite.

Aujourd'hui, Lily Rose est chez son père à la Rochelle, où elle a passé les vacances de Pâques aux côtés de sa belle-famille. Elle devait rentrer auprès de sa maman le 24 avril, mais après avoir été entendue par la brigade des mineurs, le parquet de la Rochelle a estimé qu'elle était en danger en Martinique et l'a placée provisoirement au domicile du papa en attendant la décision du juge aux affaires familiales.

Les jouets de Lily-Rose, dans sa chambre, chez son père, à La Rochelle. (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIO FRANCE)

Les réseaux sociaux, un "bulldozer"

Selon le père de Lily-Rose, "Tous les jugements sont unanimes, les propos de Lily-Rose sont plaqués à ceux de sa mère. Lily Rose a un papa, un papa qui l’aime. Je n’ai jamais pu souhaiter un anniversaire, un Noël, une fête des pères : je n’ai rien pu partager avec ma fille depuis sa naissance." Il n'a pas été épargné par les réseaux sociaux, qui lui ont fait l'effet d'un "bulldozer"

On a voulu me faire passer pour un monstre. Les gens y vont de leur émotion la plus primaire en prenant une image sortie de son contexte. Tout ce déversement de haine et de jugement, les répercussions sont extrêmement graves à titre personnel.

Père de Lily-Rose

à franceinfo

La mère de Lily-Rose n'a rien à voir avec la vidéo, répète son avocat Me Daniel Romain. D'après lui, les images parlent d'elles-mêmes : "Que vient faire ma cliente là-dedans ? L’enfant a réagi avec ses tripes. C’est pas encore téléguidé par la mère, les cris de l’enfant, on l’a entendu ! Ils ne sont pas dissipés."

La mère a fait appel de sa condamnation et espère que l'enfant rentrera en Martinique. Pour l'instant, Lily-Rose a repris le chemin de l'école à la Rochelle.

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