Où enterrer la dépouille du nazi Erich Priebke ?
Où, quand, et comment enterrer le criminel de guerre nazi Erich Priebke ? C'est le casse-tête actuel des autorités italiennes. L'Eglise romaine refuse les funérailles religieuses, l'Argentine ne veut pas de sa dépouille, l'Allemagne affirme ne pas avoir été contactée...
Mort le 11 octobre, Eric Priebke est le capitaine SS responsale du massacre des Fosses Adréatiques à Rome, en 1944 (335 civils tués dont 75 juifs). Après 40 ans passés en fuite en Argentine, il avait été retrouvé en 1994 et vivait depuis 15 ans dans la capitale italienne, assigné au domicile d'un de ses avocats, après avoir été condamné à la réclusion à perpétuité pour ce crime.
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Son corps sera incinéré, mais où ?
Il est décédé le 11 octobre et depuis se pose la question de que faire de sa dépouille. Ses proches ont expliqué que la meilleure solution serait l'incinération. Le directeur du Centre Simon Wiesenthal, Efraim Zuroff, qui lutte pour que les criminels nazis répondent de leurs crimes, a lui aussi proposé une crémation.
Selon lui, c'est "la solution la plus efficace pour qu'il ne reste aucune trace d'un criminel nazi comme Priebke. Le cadavre de Hitler a été brûlé, et cela s'est révélé la solution la meilleure, parce que cela permettait la destruction de tout ce que le nazisme avait représenté ".
Mais le problème reste entier : qui va accueillir la dépouille pour procéder à la crémation ? L'avocat de Priebke, Me Paolo Giachini, avait initialement annoncé des funérailles mardi dans une église de la capitale italienne. Mais l'évêché de Rome les a interdites.
Argentine, Italie ou Allemagne
Il avait également annoncé qu'Erich Priebke serait enterré près de son épouse à San Carlos de Bariloche (Argentine) où il s'était réfugié après la guerre et avait vécu ensuite pendant plus de 40 ans. Mais cette demande n'a pas abouti : le gouvernement argentin a indiqué qu'il refusait de recevoir sur son territoire le corps du criminel nazi.
La possibilité d'inhumer son client au cimetière militaire allemand de Pomezia, près de Rome, a aussi été mentionée. Mais un responsable a affirmé que c'était impossible, Erich Priebke n'étant pas "mort au combat ".
Indésirable dans sa ville natale
L'Allemagne a également été évoquée pour la destination finale de la dépouille. En tant que citoyen allemand, "il peut naturellement être inhumé en Allemagne ", a expliqué un porte-parole du ministère des Affaires étrangères allemand. "Mais le gouvernement n'a ni motif ni raison de se prononcer sur le lieu où M. Priebke sera ou devrait être enterré. Il n'y a (...) aucune sollicitation officielle de la part des autorités italiennes. C'est une décision que les proches de M. Priebke doivent prendre ", a-t-il ajouté.
Une des possibilités aurait pu être la municipalité de Hennigsdorf, sa ville natale, près de Berlin. Mais celle-ci s'y refuse également. "Nous n'avons pas à enterrer Priebke à Hennigsdorf et nousne le ferons pas ", a déclaré mardi une porte-parole de la mairie, soulignant qu'apparemment aucun membre de la famillePriebke n'était inhumé dans la petite ville.
Du coup, il est impossible d'en savoir plus. Des journalistes ont vu mardi après-midi une voiture transportant la dépouille mortelle quitter cet hôpital, l'hôpital Gemelli, vers une destination inconnue.
L'Italie craint l'anniversaire de la déportation
D'autant que le sujet fait polémique en Italie. La communauté juive italienne s'élève pour refuser que le corps reste à Rome. Le maire de Rome, Ignazio Marino, craint de nombreux débordements si Erich Priebke venait à être enterré dans sa ville.
Et pour cause, le 16 octobre sera célébré le 70e anniversaire de la déportation d'un millier de juifs du ghetto de Rome. Et les militants néo-nazis se sont déjà faits remarquer, en allant déposer, le lendemain de sa mort, un bouquet de fleurs sous les fenêtres de l'appartement où avait vécu Priebke. La police les en avait finalement empêchés.
- (Un graffiti "Honneur à Priebke", accompagné de la croix gammée, sur un mur, dans la ville de Rome). *
En conséquence, le préfet de police de Rome, Fulvio della Rocca, a pour sa part interdit lundi, pour des raisons d'ordre et de sécurité, toute cérémonie "publique " d'obsèques pour Priebke dans toute la province de Rome. Le criminel de guerre nazi ne devrait donc pas être inhumé à Rome, et ce même si la loi italienne prévoit normalement que les personnes décédées dans la municipalité puissent y être enterrées.
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