Ouverture du procès de Ian Griffin et du mystère de la suite 503
Le procès de Ian Griffin, soupçonné d'avoir tué sa compagne, Kinga Wolf, dans la nuit du 24 au 25 mai 2009, dans la suite 503 du Bristol à Paris s’ouvre ce lundi devant les Assises de Paris. Ce Britannique, âgé de 45 ans, comparaîtra toute la semaine. Un drame sur fond de passion tumultueuse, d'alcool, de médicaments et d'argent.
Ce drame, au cœur du luxe, c'est un peu l'histoire de deux êtres qui n'auraient jamais dû se rencontrer. Ian Griffin, le petit garçon de Warrington, dans le nord-ouest de l'Angleterre à l'accent cockney, dyslexique, pas très bon à l'école, qui grandit entre un père assez violent et une mère qui peut avoir des coups de colère terribles. Il a pour lui d'être un bel homme, grand athlétique, "charismatique " disent les femmes qui l'ont aimé.
Argent, bolides et jolies filles
Et même si il arrête l'école à 15 ans, il regorge d'idées, c'est un entrepreneur : salon de coiffure, centre de bronzage, magasin de gadget, Ian Griffin passe d'un projet à l'autre, la plupart de ses sociétés périclitent.
Mais le dandy aime l'argent, les bolides et les jolies filles. En 2008, son chemin le mène à Kinga Wolf. Une jeune femme de 35 ans, belle avec d’immenses jambes, un visage fin entouré de cheveux blonds. En plus, elle est riche, riche à millions. Kinga Wolf a transformé en Pologne la petite PME paternelle en leader européen de la tomate et vit désormais en Angleterre. C'est là qu'elle rencontre Ian Griffin, un coup de foudre fatal.
Une histoire d’amour tumultueuse
Leur histoire est passionnelle. Des étincelles qui n'avaient jamais jailli avec leurs anciens partenaires se mettent à brûler, comme si leurs névroses s'étaient réveillées en se rencontrant. Ils boivent beaucoup, beaucoup trop, consomment des antidépresseurs comme on mâche des chewing-gum et vivent à mille à l'heure.
Et puis il y a d’un côté la réussite de Kinga Wolf et de l’autre, les échecs de Ian Griffin. L’homme, qui a besoin d’être materné, est frustré et développe un certain ressentiment que les experts et certaines de ses anciennes compagnes décrivent comme "immature affectivement". Ian Griffin veut un yacht : Kinga Wolf en loue un, elle le couvre de cadeaux et d'argent.
Enfin, il y a dans cette histoire, de la jalousie. Ian Griffin est infidèle et les disputes arrivent, parfois violente. Ian Griffin le conteste, mais des sms et des mails envoyés par Kinga Wolf à ses amis, sa famille sont sans équivoque : son amoureux peut être violent, elle porte des traces de coups.
80 hématomes et du sang partout
Les deux amants arrivent à Paris le 23 mai 2009, pour leur lune de miel, ou leur ultime tentative de réconciliation, les récits divergents. Le lendemain, le 24 mai 2009, ils vont diner dans un restaurant chic près des Champs-Elysées : apéritif, deux bouteilles de vin et une dispute éclate à la fin du repas.
Selon des témoins cités par la défense, Kinga Wolf aurait lancé à Ian Griffin : « You own me sex ». Il se lève et part au Bristol où il boit deux vodka au bar, avant de rejoindre la jeune femme dans leur chambre. Que se passe-t-il ensuite dans le secret de la suite 503 ? Ian Griffin dit depuis cinq ans qu’il ne se souvient de rien, qu’il a un trou noir. Kinga Wolf est en tous cas retrouvée morte 48h plus tard par un employé du Bristol.
"Pas besoin des souvenirs de Ian Griffin pour savoir ce qui s’est passé dans la chambre ", dit l’avocat des parents et du frère de Kinga Wolf. Il y a en effet les constatations policières et médico-légales : la chambre est saccagée, il y a du sang partout et le corps de la richissime jeune femme porte plus de 80 hématomes.
Pour la défense de Ian Griffin, il s’agit d’un coup de folie, Francis Triboulet son avocat plaidera l’abolition du discernement. Mais les experts psychiatres ne parlent eux que "d’altération", fait remarquer l’avocat des parties civiles. Comment expliquer, souligne l’avocat de la famille Wolf, Me Traynard, que Ian Griffin a pris soin de faire croire que Kinga Wolf était toujours en vie, en commandant du café, en mettant l’écriteau ne pas déranger sur la porte, avant de prendre la fuite avec sa Porche jusqu’en Angleterre, où la police britannique l’interpellera huit jours plus tard ? Pas sûr que la cour d’assise de Paris ne parvienne en cinq jours à percer le mystère de la suite 503.
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