Affaire George Tron : en prison, le maire de Draveil en Essonne continue d'administrer sa ville
Depuis plus de deux mois, le maire de Draveil dans l'Essonne gère sa ville depuis sa cellule de prison. Condamné en février 2021 à cinq ans d'emprisonnement, dont trois ferme pour viol et agression sexuelle sur une collaboratrice, Georges Tron attend que son pourvoi soit examiné par la Cour de cassation. D'ici là, il est présumé innocent et peut donc rester maire, mais une pétition en ligne réclame sa révocation.
Par une mise en scène au côté grotesque assumé, des militantes féministes dénoncent une parodie de démocratie à Draveil : cette ville d'Essonne est toujours administrée par Georges Tron, condamné en appel en février 2021 à cinq ans d'emprisonnement, dont trois ferme pour viol et agression sexuelle en réunion sur une collaboratrice. Il est actuellement en détention, mais comme il s'est pourvu en cassation - le dernier recours possible dans une affaire judiciaire - il a le droit de rester maire. "Cela me révolte de voir l'image de cette ville associée au fait que l'on ait un maire en prison. C'est un élu qui se croit au-dessus des lois, qui abuse de son pouvoir", regrette une militante. "Il doit quitter sa place, il ne peut pas continuer à être maire comme si de rien n'était, c'est juste indécent !", abonde une autre.
Au marché de Draveil en revanche, on défend Georges Tron : les habitants se prononcent très majoritairement en faveur du maire. "C'est un bon maire : il a été élu cinq fois, ce n'est pas pour rien ! Et puis en plus on ne paye pas les impôts et tout cela, il a toujours fait très attention", le défend une habitante de la ville. "Je pense qu'il a été jugé pour des choses qui ne sont pas vraies", avance une autre.
Un conseil municipal sous tensions
Le deuxième conseil municipal depuis l'incarcération du maire s'est tenu le mercredi 21 avril. Sur les documents officiels, il se qualifie de "maire empêché". La séance débute par la lecture d'une lettre de George Tron, rédigée depuis sa cellule. Elle évoque le budget préparé par ses soins. Cette lettre fait bondir l'opposition : "Je n'ai pas très bien compris quel est le statut de l'intervention du maire empêché, qui ne peut quand même pas s'empêcher de prendre la parole très longuement", ironise Christian Chardonnet, du groupe Ensemble réinventons Draveil. "On est là avec une prise de parole d'un maire qui a commis ces actes dans ses fonctions et qui fait comme si de rien n'était, à prendre la parole sur un sujet budgétaire. C'est absurde, si ce n'en était pas dramatique. Nous, on estime qu'il ne dispose absolument plus de l'autorité morale pour assurer ses fonctions", regrette Gabrielle Boéri-Charles, du groupe Draveil transition démocratique et écologique.
"C'est un déni de démocratie"
La tension est palpable, au point que le maire par intérim décidera de suspendre la séance pendant quelques minutes. Interrogé par les équipes de France Télévisions, Richard Privat, premier adjoint de Georges Tron, explique que "jusqu'à preuve du contraire, il est toujours maire. Personne ne l'a destitué de son poste donc il est toujours maire, et il continue de travailler en ce sens-là avec nous". A la fin du conseil municipal, le groupe de gauche comptait demander la destitution du maire Georges Tron, mais la majorité ne l'a pas prise en compte, faisant même éteindre la lumière. "C'est un déni de démocratie", a-t-on pu entendre dans la salle. Seul le Conseil des ministres pourrait démettre George Tron de ses fonctions, une procédure très rare. Selon le droit, il reste présumé innocent le temps de l'examen de son pourvoi par la Cour de cassation.
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