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Procès des attentats de janvier 2015 : le "terrorisme n'a pas ébranlé le fonctionnement de la justice démocratique", salue Patrick Pelloux

Le médecin urgentiste, chroniqueur pendant 12 ans à Charlie Hebdo, n'est pas soulagé par le verdict rendu par la cour d'assise spéciale de Paris ce mercredi. "Je ne suis pas dans des idées de revanche", confie-t-il.

Article rédigé par franceinfo
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Patrick Pelloux, président de l'Association des Médecins Urgentistes de France (Amuf) et chroniqueur pendant 12 ans à Charlie Hebdo. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Près de six ans après les attentats de janvier 2015, la cour d'assises spéciale de Paris a prononcé, mercredi 16 décembre, des peines de quatre ans de prison à la perpétuité contre quatorze personnes reconnues coupables d'avoir assisté les auteurs des attaques contre Charlie Hebdo, une policière de Montrouge et l'Hyper Cacher. Le "terrorisme n'a pas ébranlé le fonctionnement de la justice démocratique", a salué Patrick Pelloux, président de l'Association des Médecins Urgentistes de France (Amuf) et chroniqueur pendant 12 ans à Charlie Hebdo.

franceinfo : Quel est votre sentiment après les peines prononcées qui sont pour certaines en dessous des réquisitions du parquet ?

Patrick Pelloux : Peut être en dessous des réquisitions du parquet, mais qui sont très nuancées et qui montrent que toute personne qui aide le terrorisme islamofasciste et qui aide des personnes à assassiner nos concitoyens sera punie.   Ce terrorisme n'a pas ébranlé le fonctionnement de la justice démocratique et de la justice que notre pays a mis des siècles à construire. Ce n'est pas la justice de Dieu qui a été rendue, c'est la justice des hommes. Et moi, je salue le déroulement de ce procès, cette construction que notre pays, notre République a voulue. Le terrorisme islamique n'a pas ébranlé la République.

Est-ce un procès pour l'Histoire ?

La Cour n'est pas là pour construire l'Histoire. La Cour est là pour dire la justice, elle est là pour dire le droit. Donc, il ne faut pas confondre tous les rôles.

C'est un procès historique parce que ce qui s'est passé est historique. On a essayé de casser le journalisme, la liberté d'expression, la laïcité.

Patrick Pelloux

à franceinfo

Cela fait des années que le terrorisme islamo-fachiste essaie de neutraliser, de tuer ce que nous sommes, ce que nous avons été, ce que nous voulons être. Du coup, c'est vraiment un combat et le droit a dit le droit. La justice a fait justice et a condamné ceux qui étaient de près ou de loin liés à la construction de ce qui a été une véritable barbarie. Là où il y a un côté historique par rapport à ce procès, c'est que ce procès ouvre les autres et le fameux procès du 13 novembre 2015 qui aura lieu. Mais maintenant, c'est à l'histoire. C'est aux chercheurs, à ceux qui vont réfléchir, à comprendre quel cheminement il y a eu sur cette planète pour que, finalement, les salafistes et les Frères musulmans réussissent à construire une entreprise de fachisme qui réussit à essayer d'ébranler les civilisations construites sur le droit.

Avez-vous un sentiment de soulagement ? 

Non. Sincèrement, je suis très triste ce soir parce que j'ai perdu des amis très proches. J'ai vécu ce que je ne souhaite à personne. Il me manque absolument tous les jours et j'essaye de vivre tel que même aurait voulu vivre. Et ils auraient voulu qu'on aille au bout de la justice de notre pays. Ils auraient voulu que l’on construise un monde de tolérance, sans racisme, sans antisémitisme, sans homophobie.

Je ne suis pas dans des idées de revanche. Je suis ce soir dans des idées de réflexions et de pensées de mes amis perdus.

Patrick Pelloux

à franceinfo

Comme toutes celles et tous ceux qui ont connu des gens qui ont été tués dans les attentats, que ce soit à Nice, à Paris, au Bataclan, on vit avec des ombres. Chaque jour est un jour où on pense à eux. On se dit, bien sûr, il y a la justice des hommes. Mais on a nos rêves, notre volonté de ne pas les oublier.

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