Procès du docteur Bonnemaison : la parole aux collègues
En ce troisième jour d'audience, une dizaine de collègues de l'ancien médecin urgentiste de l'hôpital de Bayonne ont témoigné. Médecins, infirmières, pharmaciens et inspectrices de l'IGAS (inspection générale des affaires sociales) ont présenté ce jeudi leur vision des faits aux magistrats des assises du Maine-et-Loire.
Trouble et colère
Les infirmières, notamment celles qui ont déclenché le signalement du médecin à leur hiérarchie, racontent qu'il "préparait des produits" et les injectait sans l'inscrire dans le dossier médical des patients. Elles évoquent des "comportements troublants" . L'une d'elle raconte qu'elle a été particulièrement marquée par un "pari" lancé par le docteur : "Je te parie un gâteau que Mme Iramuno ne sera plus là l'après-midi" aurait-il dit. La patiente âgée de 86 ans, Catherine Inamurato, est décédée dans la journée. Sa famille est au procès comme partie civile.
Les infirmières ont fait part de leurs doutes à leur hiérarchie après quatre décès "suspects" , expliquent-elles. Leur responsable conclut : "elles étaient en colère par rapport à ce qu'elles constataient : ne rien dire aux familles, la trahison du patient...(...) Elles voulaient protéger les suivants (...). Savoir et se taire était pire" .
Humanité et conscience
Certains médecins ont davantage plaidé en faveur de Nicolas Bonnemaison. Thierry Saint-Val, urgentiste dans le service de l'accusé au moment des faits, martèle que le médecin est là "pour apaiser" . Pour lui, associer les familles aux décisions sur les traitements n'est pas toujours une bonne idée. Il avoue d'ailleurs ne pas toujours les rencontrer avant de modifier les produits.
#Bonnemaison
— Charlotte Piret (@ChPiret) October 15, 2015
Thierry : "avec les familles, on prend un avis consultatif, pas participatif. Notre décision médicale, elle est déjà prise."
Il ajoute que la loi Léonetti (2005) sur la fin de vie stipule "qu'on a le droit d'utiliser des médicaments dont l'effet secondaire peut provoquer la mort" . De même, Anne, ancienne urgentiste à Bayonne, explique que face à des patients qui agonise, l'urgence est de les soulager.
#Bonnemaison Anne : "On est jugé par des gens dont ce n'est pas le métier. Il faut nous laisser faire."
— jean philippe deniau (@jpdeniau) October 15, 2015
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