Procès "Picasso" : cinq ans de prison avec sursis requis contre l'ex-électricien
Le parquet a requis cinq ans de prison avec sursis à l'encontre de Pierre Le Guennec, ex-électricien des Picasso, et de sa femme pour le recel de 271 oeuvres de Pablo Picasso, qui ont été entreposées pendant 40 ans dans le garage du couple. "Nous avons affaire à un délit particulier, au préjudice de l'Humanité ", a lancé le représentant du ministère public, Laurent Robert, après trois jours de procès devant le tribunal correctionnel de Grasse, qui rendra sa décision le 20 mars.
Les larmes de Pierre Le Guennec
Il a estimé que les deux septuagénaires ont porté préjudice à la "confiance " et à la "mémoire " du maître. Mais il appelle à une sanction "équilibrée" pour des prévenus "totalement dépassés " et qui "n'ont pas gagné d'argent avec cette affaire ". Pierre Le Guennec se lève alors et essuie quelques larmes pour demander au président du tribunal s'il est condamné.
"La quantité des oeuvres est incompatible avec toute notion de don "
Dans son réquisitoire, le procureur porte des coups de boutoir à la défense affaiblie des prévenus, estimant qu'il n'a "aucun doute de la culpabilité des époux ". "La quantité des oeuvres est incompatible avec toute notion de don ", ont conclu tous les témoins directs, proches et experts cités à la barre. Et l'épisode de ce don, insuffisamment détaillé, est émaillé de "nombreuses contradictions ".
L'ombre de "Nounours"
Néanmoins, les débats n'ont pas permis d'éclaircir les circonstances de la disparition de ces oeuvres, dont l'absence est passée inaperçu dans le capharnaüm de la maison des Picasso, où des centaines d'oeuvres traînaient dans toutes les pièces. La pièce manquante du "puzzle" serait le flamboyant ex-chauffeur de Picasso, Maurice Bresnu dit "Nounours", qui a vendu avant sa mort en 1991 des dizaines d'oeuvres de Picasso présentées comme des dons. Trois proches de Nounours, entendus par le parquet de Grasse dans le cadre de réquisitions supplétives, ont rapporté des confidences de Bresnu se vantant d'avoir volé Picasso. Reste que l'instruction a finalement écarté ces éléments, non allégués.
"Si Pablo Picasso et Jacqueline étaient dans cette salle, ils seraient de leur côté! "
"Les vols ne sont pas démontrés ", insiste Me Charles-Étienne Gudin, l'un des trois avocats de la défense qui ont demandé une relaxe du couple et la restitution du cadeau saisi. "Un cadeau maudit, empoisonné ", a reconnu Me Évelyne Rees. "Je défends deux personnes honnêtes, qui face à ce bataillon d'experts éminents ont pour seul bouclier leurs souvenirs ". "Si Pablo Picasso et Jacqueline étaient dans cette salle, ils seraient de leur côté! ", a-t-elle conclu, suscitant une exclamation amusée de Maya Picasso, la fille du peintre.
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