"Il a le toupet de se représenter" : dix ans après la tempête Xynthia, l'ex-maire condamné candidat à La Faute-sur-Mer
René Marratier se porte candidat aux élections municipales de la Faute-sur-Mer, en Vendée. Condamné par la justice, l'ancien élu à l'époque de la tempête Xynthia n'avait pas été déclaré inéligible.
Une élection municipale dans un village meurtri. Alors que les habitants de la Faute-sur-Mer (Vendée) se préparent à commémorer les dix ans de la tempête Xynthia, qui a tué 29 personnes dans le village en 2010, une candidature électrise la campagne : celle de René Marratier. Maire à l'époque du drame, l'élu avait été condamné à quatre ans de prison ferme en première instance en 2014, puis à deux ans de prison avec sursis par la cour d'appel de Poitiers en 2016 pour homicides involontaires.
Dans le village, on découvre que l'ancien maire a conservé des supporters, comme Alex, venu acheter son journal. "Le préfet n’a pas été impliqué, De Villiers non plus, et le président de Région, il a eu quelque chose lui ?", demande l'habitant.
Le fusible, c’était Marratier !
Un habitantà franceinfo
Celui qu'on appelait "Monsieur oui-oui-oui" était toujours prêt a rendre service, parfois au prix de quelques arrangements et de beaucoup de légèreté avec les règles en vigueur. Mais pour Michel, il ne faut pas lui mettre tout sur le dos. Pêcheur dans le village, lui a tout perdu il y a dix ans : "Il y a eu des vents à 160 km/h et 102 de coefficient, c’est pour ça que ça a inondé, mais il ne faut reprocher cela à Monsieur Marratier !" Selon lui, des marins de L'Aiguillon-sur-Mer sont venus habiter à la Faute-sur-mer. "S’il y avait eu un risque, seraient-ils venus à la Faute ?", questionne-t-il.
"Il a le toupet de se représenter"
"Il a été condamné à deux ans de prison avec sursis parce qu’il n’a pas fait son boulot de maire", rétorque Renaud Pinoit, le président de l'association des victimes des inondations de La Faute-sur-Mer (Avif). Pour lui, cette candidature passe mal même si la plupart des familles de victimes n’habitent plus sur place. Au total, 600 maison qui se trouvaient en zone inondable au moment du drame ont été détruites. "Niveau sécurité, il n’était pas là, et il a le toupet de se représenter donc forcément c’est compliqué à comprendre", ajoute-t-il.
Le fait de recevoir des prospectus avec son équipe et puis qu’il se présente, c’est un coup de poignard dans le cœur pour les gens qui ont perdu des proches.
Renaud Pinoità franceinfo
Dans un communiqué publié le 27 janvier, la préfecture avait indiqué qu'"une personne condamnée à une interdiction définitive d'exercer une fonction publique ne saurait valablement prétendre à exercer la fonction de maire ou des fonctions d'adjoint au maire qui impliquent d'exercer des missions d'agents de l'État". Mais Selon Me Jean-Baptiste Chevalier, l'avocat de René Marratier, l'ancien élu peut légalement mener une liste car "il n'a pas été déclaré inéligible, il peut donc se présenter à l'élection municipale".
Pour l'ancien maire, "on peut comprendre leur stupéfaction"
L'ancien maire est donc en campagne. "L’humiliation que j’ai subi, la falsification de la vérité, l’injustice, le mensonge, la calomnie, est-ce que je le méritais ?", s'interroge-t-il. Il évoque aussi les victimes de Xynthia et leur envoie toute sa "compassion" et sa "sympathie". "On peut comprendre leur stupéfaction", répond-il.
Il y a six ans, avant l'épisode judiciaire, René Marratier avait échoué de peu à la mairie mais était resté conseiller municipal. Cette fois-ci, pour son challenger Laurent Huger, il s’agit de tourner la page pour de bon. "L’histoire des habitants de la Faute-sur-Mer retiendra qu’il y a eu des victimes ici, que ces victimes ont servi à ce qu’il y ait une prise de conscience des impacts du réchauffement climatique. Donc ce que René Marratier veut, je dirai bien que l’histoire s’en fout." C’est aux 700 électeurs du village d’en décider, tandis que dimanche 1er mars, une commémoration est prévue à La Faute-sur-Mer, avec une marche silencieuse, dix ans après le passage de la tempête.
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