Prostitution : les députés examinent le projet de loi
Les prostitué(e)s ne sont pas des délinquant(e)s, ce sont des
victimes. C'est ce qu'estiment les députés à l'origine de la proposition de loi
examinée ce vendredi à l'Assemblée, d'où
leur idée de supprimer du code pénal le délit de racolage passif, mesure
emblématique, instaurée il y a dix ans par Nicolas Sarkozy.
"La prostitution se cachera de plus en plus " (Sophie Combes, juge)
Pour
les auteurs du projet de loi, seule la pénalisation des clients permettra
d'abolir un jour la prostitution. Une vision des choses extrêmement naïve,
soutient le syndicat de la magistrature. Selon la juge Sophie Combes, cette loi
risque de fragiliser encore plus les prostitué(e)s. "Ils auront effectivement
peur des patrouilles de police et ils vont aller exercer leur activité dans des
espaces encore plus éloignés, des forêts, des lieux un peu isolés. La prostitution
se cachera de plus en plus et cette proposition de loi risque d'avoir un effet
contre-productif ", estime la magistrate.
"Tout cela n'est pas très sérieux " (syndicat de de policiers)
Par ailleurs, s'il est adopté, le texte sera
extrêmement difficile à appliquer, estiment les syndicats de policiers. Patrice
Ribeiro représente Synergie Officiers. "Il faudra prouver qu'il y a eu
proposition, voire qu'il y a eu commerce charnel qui a été consommé. Tout cela
n'est pas très sérieux. Les policiers ont bien d'autres choses à faire que de se
cacher derrière les arbres pour arrêter des clients et des prostituées ",
estime-t-il. Une proposition de loi que les policiers
jugent vertueuses sur le plan moral, mais inutile sur le plan de la lutte
contre les réseaux de proxénétisme.
"Les stigmatiser ne résout rien " (pétition de 26 parlementaires)
De nombreux parlementaires sont également contre la proposition de loi. Ils étaient vingt-six, ce vendredi matin, et de toutes sensibilités, à signer une pétition contre la pénalisation des clients de personnes prostituées. Lancée à l'initiative d'une sénatrice et d'un député écologiste, Esther Benbassa et Sergio Coronado, les parlementaires estiment que cette proposition de loi est "un texte d'inspiration moralisatrice, marqué par un souci d'hygiénisme social, tournant le dos aux préoccupations de santé publique, et niant la complexité des situations de prostitutions pour la réduire à l'esclavage ".
► ► ► A LIRE | La pétition sur le blog d'Esther Benbassa
Parmi les signataires, des sénateurs et députés UDI, PS, UMP, PRG et EELV. "Que des femmes et des hommes aient recours à la prostitution sans contrainte est une réalité. Les stigmatiser ne résout rien ", conclut la pétition.
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