Quatre questions pour comprendre le procès de la voiture de police incendiée
Neuf personnes comparaissent depuis mardi devant le tribunal correctionnel de Paris. Ils sont accusés d'avoir frappé un policier et mis le feu à son véhicule en mai 2016. L'audience doit durer quatre jours.
Une voiture de police attaquée et incendiée en plein jour, en plein cœur de la capitale, et un agent qui fait face, à mains nues, à un homme qui lui assène des coups de barre de fer... Les images de ce 18 mai 2016 sont encore dans toutes les têtes. Après un an d'enquête, le procès s'est ouvert mardi 19 septembre devant le tribunal correctionnel de Paris. Neuf personnes comparaissent. Franceinfo vous résume les faits en quatre questions.
Que s'est-il passé le 18 mai 2016 ?
Ce jour-là, les policiers se sont donné rendez-vous sur la place de la République à Paris. A l'appel du syndicat Alliance, ils veulent dénoncer "la haine antiflic" dont ils se disent victimes. A l'époque, les manifestations contre la loi Travail font la une de l'actualité, avec leurs lots de violences et de débordements.
Mais ce 18 mai 2016, une contre-manifestation s'organise. Un groupe de militants antifascistes défile sans autorisation pour dénoncer les "violences policières". Sur le quai de Valmy, dans le 10e arrondissement de Paris, "deux policiers rentrent en voiture d’une séance d’entraînement au tir quand ils croisent fortuitement la route du cortège sauvage et sont agressés", écrit Libération.
La séquence fera le tour du monde. Des assaillants, tout de noir vêtus, visages masqués, commencent par donner des coups de pied dans le véhicule. Puis cassent les vitres, jettent un fumigène à l'intérieur. La voiture s’embrase. Un policier est frappé à la tête, alors qu'il est encore au volant. Il finit par sortir pour ne pas mourir brûlé et s'oppose, à mains nues, à un assaillant cagoulé armé d’une barre de fer, qui lui assène plusieurs coups. Quelques secondes plus tard, la foule se disperse. Au milieu de la chaussée, la carcasse calcinée de la voiture de police. Les forces de l'ordre s'indignent. Et Manuel Valls, alors Premier ministre, réclame des "sanctions implacables".
Comment se porte la victime aujourd'hui ?
Deux policiers se trouvaient à l'intérieur, Allison B. et Kevin P. Choqué, ce dernier s'en sort avec dix jours d'interruption temporaire de travail. Sa bravoure lui vaut un surnom, celui de "policier kung-fu." Quelques heures avant le début du procès, il a accepté de s'exprimer pour la première fois chez nos confrères de France 3. "J'attends que justice soit rendue, que ce soit un exemple pour les autres", explique l'agent âgé d'une trentaine d'années.
C'est douloureux parce que j'ai failli perdre ma vie. Ce n'est pas pour faire des câlins qu'ils m'ont tapé dessus. Ils avaient envie d'avoir un flic et de tuer un flic.
Kevinà France 3
Quelques jours après les faits, lui et sa collègue présente dans la voiture ont été décorés par Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur de l'époque. François Hollande est présent à la cérémonie.
Cérémonie en l'honneur des policiers et gendarmes blessés au maintien de l'ordre, en présence de @fhollande pic.twitter.com/Hrwl3wbBfl
— Bernard Cazeneuve (@BCazeneuve) 21 mai 2016
Kevin, qui était simple adjoint de sécurité au moment des faits, est devenu gardien de la paix. Ces derniers mois, il a reçu beaucoup de courriers de gens le félicitant pour son courage. "Ça met du baume au cœur, ça prouve qu'on est aimé quand même, qu'il y a un pourcentage de personnes qui soutient notre travail", raconte-t-il à France 3.
Qui sont les prévenus ?
Après un an d’une enquête, neuf personnes sont renvoyées devant le tribunal correctionnel de Paris. Deux comparaissent détenus, six sont sous contrôle judiciaire. Un neuvième prévenu, de nationalité Suisse (et qui réside dans son pays), ne s’est pas présenté aux convocations de la justice. Tous sont poursuivis pour "participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences ou de dégradations". Certains sont également jugés pour des "violences aggravées sur policiers en réunion" : ils encourent jusqu'à dix ans de prison.
Deux frères figurent parmi les prévenus, Angel et Antonin Bernanos, âgés de 23 et 29 ans. Etudiants, ils sont décrits comme "membres de la mouvance radicale de l'ultra-gauche" par les enquêteurs, rappelle LCI.
Les 9 prévenus défilent à la barre. Ils ont entre 19 et 40 ans, look bon chic bon genre ou t-shirt cool #voiturebrûlée #police
— Sophie Parmentier (@sophparm) 20 septembre 2017
Dans quelle ambiance se déroule le procès ?
Sous haute tension. Le premier jour d'audience, mardi, a été chaotique. "A l’extérieur de la 14e chambre du tribunal correctionnel de Paris, une foule d’amis et de sympathisants des prévenus s’agglutinait, sifflait et protestait, criant 'Liberté ! Liberté !'", écrit Le Monde. Des slogans comme "Tout le monde déteste la justice !" ont également été entendus. Des journalistes qui tentaient de les filmer et de les photographier ont été pris à partie : "On va brûler vos voitures !" ont menacé des militants présents aux abords de la salle. Certains prévenus, qui comparaissent libres, ont fait leur entrée cachés sous des parapluies.
Salle trop petite, manque de chaises... L'organisation des débats est aussi pointée du doigt. Ils ont été interrompus à deux reprises après des protestations des avocats de la défense. Très remonté, Henri Leclerc a ainsi dénoncé "des conditions qui ne sont pas dignes de ce qu’est la justice".
Mauvaise préparation par TGI du proces voiture police. Avocats Pas de place. Presse majoritairement interdite dans salle. Public indésirable
— Dominique Verdeilhan (@Verdeilhan) 19 septembre 2017
Les avocats demandent le renvoi du procès à demain pour de meilleures conditions de travail et une + grande salle d'audience #voiturebrulee
— David Di Giacomo (@David_DiGiacomo) 19 septembre 2017
Le président a alors fait le choix de reporter les débats d'une journée. Ils ont repris mercredi 20 septembre dans une atmosphère plus calme. Le procès doit durer quatre jours.
Devant la nouvelle salle d'audience, à peine plus grande qu'hier, des dizaines de militants antifa empêchés de rentrer, mais restent calmes
— Sophie Parmentier (@sophparm) 20 septembre 2017
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