Affaire Tariq Ramadan : "Comment croire quelqu’un qui a changé cinq fois de version ?", demande l'avocat d'une plaignante
Maître Jonas Haddad, l'un des avocats de Henda Ayari, réagit ce mardi sur franceinfo, alors que l'islamologue a reconnu pour la première fois lundi avoir eu des relations sexuelles "consenties" avec elle, et avec la deuxième accusatrice.
"D’un seul coup, c’est devenu Saint Tariq Ramadan", dénonce Maître Jonas Haddad, avocat de Handa Ayari, sur franceinfo mardi 23 octobre. Franceinfo dévoile des SMS échangés entre sa cliente et l'islamologue suisse.
"Qu’on ose venir remettre en cause la parole d’une de mes clientes en essayant de renverser la peur, c’est scandaleux. C’est l’hôpital qui se fout de la charité", poursuit l'avocat, alors que Tariq Ramadan a reconnu pour la première fois lundi, avoir eu des relations sexuelles avec ses deux accusatrices, mais "consenties", selon l’intellectuel de 56 ans. Son avocat, Emmanuel Marsigny, a de son côté estimé sur franceinfo que les SMS échangés entre les plaignantes et son client prouvent que "ces relations étaient souhaitées et consenties".
franceinfo : Que répondez-vous à l’avocat de Tariq Ramadan ?
Maître Jonas Haddad : Je l’invite d’abord à éviter de violer le secret de l’instruction. Quand on découvre un an plus tard que son client a menti pendant un an, à des policiers, à des juges, aux médias, à ses supporteurs, à sa propre famille qu’il a fait témoigner pour sa moralité et qu’on ose venir remettre en cause la parole d’une de mes clientes en essayant de renverser la peur, c’est scandaleux. C’est l’hôpital qui se fout de la charité. Quand on nous dit que monsieur Ramadan a eu peur, pendant un an il a joué les fiers-à-bras en parlant de "complot contre lui", de "mythomanes". On veut qu’il libère la parole et passe aux aveux de façon définitive et au moins il aura reconnu ce qu’il a fait à un certain nombre de femmes.
Ces SMS mettent-ils à mal la version de votre cliente ?
Pendant un an, on nous a fait tous les tours de passe-passe possibles. On nous a sorti le témoignage d’un supposé fonctionnaire. On s’est rendu compte que cette personne n’était pas fonctionnaire et avait été inculpée pour défaut. Maintenant, on nous sort des SMS, violant le secret de l’instruction. Quand monsieur Ramadan dit "Je suis désolé, j’ai été violent". Ce n’est pas parce qu’on dit "Je suis désolé" qu’il n’y a pas eu viol.
Pourquoi aurait-elle voulu le revoir ?
Oui, il y a eu contacts après. On a joué les cartes sur table depuis le départ. Ce qui n’est pas le cas de monsieur Ramadan qui a changé cinq fois de version. Comment croire quelqu’un qui a changé cinq fois de version ? Oui, il y a eu des textos, mais ces textos démontrent que pendant un an, il n’a fait que mentir à tout le monde. Pourquoi on le croirait maintenant. D’un seul coup, c’est devenu Saint Tariq Ramadan. Il a avoué les trois quarts. Au début, nos clientes ont été menacées de mort et viols à plusieurs reprises. Monsieur Ramadan a toujours dit "il faut dénoncer cette campagne de calomnie, ce sont mes ennemis de toujours", ne faisant qu’accroître la pression sur mes clientes. La pression n’était pas sur le dos de monsieur Ramadan, la seule pression qu'il s’est mise, ce sont ses mensonges pendant un an. S’il avait dit la vérité dès le départ, il n’en serait pas là. Les victimes auraient alors parlé du consentement. Ces textos existent et il avoue également de la violence. On a toujours été confiants car on savait ce qu’i y avait à l’intérieur des documents. On savait ce qui allait se passer. À un moment monsieur Ramadan a été mis dos au mur. On a avancé sur les trois quarts, il reste un quart, sur le consentement. Dans 90% des cas, les violeurs nient même la relation sexuelle.
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