Affaire Karachi : Takieddine prêt à révéler un "réseau de corruption"
Selon Europe 1, l'homme d'affaires franco-libanais devrait livrer des informations lors d'une nouvelle audition aujourd'hui devant le juge.
L'enquête sur le volet financier de l'affaire Karachi pourrait connaître de nouveaux développements, mercredi 2 novembre. Selon des informations d'Europe 1, l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine pourrait faire de nouvelles révélations lors de son audition par le juge Van Ruymbeke. Il aurait en effet promis de dévoiler un réseau de corruption.
L'enquête se porte notamment sur le possible versement de rétrocommissions destinées à financer une partie de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995. C'est dans ce dossier que Ziad Takieddine a été mis en examen depuis septembre pour "complicité et recel d'abus de biens sociaux" et "faux témoignage".
Ce que Takieddine a déjà avoué
• Avoir joué l'intermédiaire
Interrogé par les juges pendant plus de 10 heures la semaine précédente, Ziad Takieddine a reconnu pour la première fois avoir été intermédiaire dans un contrat d'armement entre la France et le Pakistan. Il dit avoir perçu 30 millions de francs (4,5 millions d'euros) pour son rôle en marge de ce contrat sur des sous-marins Agosta en 1994.
Le juge Van Ruymbeke croit possible que Ziad Takieddine ait organisé le retour en France d'une partie de l'argent versé en commissions via des comptes off-shore au Luxembourg pour finir par des retraits d'espèces en Suisse.
• Avoir touché de l'argent de l'Arabie Saoudite
"J'ai été mandaté et payé par le Royaume saoudien pour améliorer ses relations avec la France, pas pour intervenir spécifiquement dans le contrat [d'armement portant sur la vente de frégates entre la France et l'Arabie saoudite], même si mon intervention a été déterminante pour permettre cette signature", explique Ziad Takieddine dans un entretien à L'Express.
Ce qu'il promet de révéler
• Un réseau de corruption au profit des chiraquiens
D'après Europe 1, Ziad Takieddine doit révéler mercredi devant les juges l'existence d'un réseau de corruption, qui pourrait être impliqué dans le versement d'éventuelles rétrocommissions occultes dans le cadre des contrats d'armement. Les mécanismes mis en place en 1994 auraient ensuite été "détournés" pour bénéficier au nouveau pouvoir avec l'arrivée de Jacques Chirac à l'Elysée en 1995, selon Ziad Takieddine. Selon lui, 1,4 milliard de francs (plus de 213 millions d'euros) a profité à un "système bis". L'homme d'affaire réclame une confrontation avec Dominique de Villepin, à l'époque secrétaire général de l'Elysée.
• Un réseau toujours en activité
Ce réseau serait encore en place aujourd'hui, avance le Franco-Libanais, avec une méthode qui dissimule les véritables destinataires des fonds. L'intermédiaire dit tenir à la disposition des deux juges un ensemble de documents pour les aider dans leur enquête, notamment des noms et des numéros de compte.
Ce qu'il réfute
• Etre un porteur de mallettes
"Je n'ai jamais transporté de valises d'argent pour qui que ce soit", assure Ziad Takieddine. Il réfute toute malversation dans le contrat des frégates saoudiennes. "Jamais, jamais", il n'a versé d'argent occulte à Nicolas Bazire, alors directeur de campagne d'Edouard Balladur, a-t-il dit sur Europe 1. Proche du chef de l'Etat Nicolas Sarkozy, Nicolas Bazire est également mis en examen dans cette affaire.
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