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Trafic d'influence : Le Monde révèle que Sarkozy était sur écoute

L'ex-président de la République, deux de ses ministres de l'Intérieur et un haut magistrat, ont-ils comploté pour influencer une décision de la Cour de cassation ? C'est ce que penseraient les juges qui ont mené les perquisitions révélées mercredi par l'Express. Ils avaient aussi mis l'ex-président sur écoute. Et écouté ses conversations avec son avocat.
Article rédigé par Sylvie Johnsson
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Yves Herman Reuters)

A l'origine de cette affaire, selon
lemonde.fr
, une information judiciaire pour corruption ouverte en avril 2013 et
confiée aux juges Serge Tournaire et René Grouman. Elle vise un dossier déjà
connu, l'éventuel soutien financier de Kadhafi à la campagne présidentielle de
Nicolas Sarkozy, en 2007. Les magistrats décident alors de mettre l'ancien
président sur écoute, ainsi que deux de ses anciens ministres de l'intérieur,
Claude Guéant et Brice Hortefeux.

C'est grâce à ces écoutes entre Nicolas Sarkozy et son avocat - ce qui pose selon Gérard Davet un problème de légalité car les conversations entre un avocat et son client sont protégées par le secret professionnel - que les magistrats vont tomber sur une nouvelle affaire. Une affaire liée à la décision que doit rendre la Cour de cassation le 11 mars prochain dans le cadre de l'affaire Bettencourt et des agendas de Nicolas Sarkozy. Une procédure que l'ex-président et son avocat suivent de très près. De trop près? 

Gilbert Azibert renseignait le camp Sarkozy : "Les écoutes en font foi"

Car toujours selon Le Monde, une des conversations entre Nicolas Sarkozy et M° Herzog "montrent que les deux hommes sont très bien renseignés sur la procédure en cours ". Et ils seraient renseignés par Gilbert Azibert, avocat général près la Cour de cassation, "qui a accès au service intranet de la haute juridiction ", et renseigne le camp Sarkozy, "les écoutes en font foi" . Et Gilbert Azibert, lui, postule pour un poste de conseiller d'Etat à Monaco. Les juges s'interrogent donc sur un éventuel trafic d'influence.

Et c'est dans ce cadre qu'entrent les spectaculaires perquisitions révélées par l'Express.

Démenti de M°Herzog qui dénonce une "affaire politique"

 Des accusations démenties par M° Herzog, toujours dans Le Monde : "Pourqu'il y ait  trafic d'influence, il faudrait qu'il y ait ou qu'il y ait eu influence, c'est-à-dire des pressions d'un haut magistrat sur le président de la chambre criminelle de la Cour de cassation et les dix magistrats qui la composent. Non seulement on ne peut exercer une influence que l'on n'a pas, mais M. Azibert ne siège pas à la chambre criminelle. Et surtout, pourquoi aurait-on tenté d'influencer la justice ? Je rappelle que l'affaire Bettencourt est terminée pour Nicolas Sarkozy, il a bénéficié d'un non-lieu. J'ai fait un pourvoi sur un problème de principe, à savoir l'illégalité de la saisie des agendas."

Et l'avocat de Nicolas Sarkozy promet de démontrer le "moment venu qu'il s'agit d'une affaire politique ". Et dénonce une "violation monumentale des droits de la défense" en parlant d'écoutes "sauvages" ou "illégales".

Aucune intervention extérieure à Monaco

Vendredi soir, les services judiciaires de la principauté de Monaco ont répondu aux informations pdu Monde. "La direction des services judiciaires de la Principauté de Monaco confirme que M. Gilbert Azibert a été candidat à un poste de magistrat à la Cour de révision, équivalent à Monaco de la Cour de cassation", a confirmé un communiqué.

Celui-ci ajoute que "au terme du processus de recrutement sa candidature n'a pas été retenue" et "qu'aucune intervention extérieure n'est venue interférer dans cette procédure de recrutement".

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