Trafic de drogue à Canteleu : le procès démarre sans les principaux mis en cause
Après une semaine de faux départ pour cause de bataille procédurale, le procès de l’affaire Canteleu jugée au tribunal correctionnel de Bobigny, s'est enfin attaqué mardi 4 juin au fond des débats. L'affaire Canteleu, c'est un vaste trafic de stupéfiants dans la région de Rouen pour lequel comparaissent 19 prévenus, dont la maire de cette commune, qui est accusée de complicité. Si le procès démarre enfin, il n’est toutefois pas au bout de ses difficultés, notamment en raison de l'absence de la plupart des prévenus.
L’audience s’est d’ailleurs ouverte mardi matin face à un box vide. Aucun des prévenus incarcérés n’est présent : l’un est malade, les deux autres ont refusé leur extraction de prison. Leur rôle dans ce dossier est central mais "ils veulent faire valoir leur droit au silence", expliquent leurs avocats. Et ce ne sont pas les seuls. Le premier mis en cause appelé à la barre lui non plus n’est pas présent. "Ça s’est mal passé pour lui quand il est sorti de détention provisoire", explique son avocate. "Il ne voulait pas se remettre dans de mauvaises conditions", poursuit-elle. "Il a subi des pressions ?", interroge le président. "Il n’a pas précisé", répond l’avocate qui croit savoir que son client n’a jamais porté plainte.
Le seul à répondre aux questions du tribunal mardi après-midi est donc un simple intermédiaire, surnommé "Zozo la thune", soupçonné d’avoir fait passer de l'argent du trafic de la France vers le Maroc. Mais à la barre, il l'assure : "Je n’ai jamais trafiqué de stupéfiant".
L'ancienne maire de la ville parmi les prévenus
Cette omerta est en réalité symptomatique dans ce genre d’affaires. Dans ce dossier comme dans d’autres, une famille, ici les Meziani, faisait régner la terreur dans la petite commune de Canteleu.
Ce clan avait la mainmise sur plusieurs commerces de la ville, a rappelé le président. Cette fratrie passait à tabac ceux qui osaient se plaindre de leur trafic et est même allée jusqu’à faire pression sur la mairie de la ville. C’est d’ailleurs pour cela que ce dossier fait parler : sur le banc des prévenus, fait rare, figure l’ancienne maire de la ville Mélanie Boulanger et son fidèle adjoint Hasbi Colak.
Tous les deux comparaissent aux côtés des trafiquants qu’ils sont accusés d’avoir aidés en intervenant auprès de la police. En cause notamment, a rappelé le président, des coups de fil passés par la maire de la ville pour retarder la pose d’une caméra de vidéosurveillance ou encore pour alléger les contrôles policiers sur le terrain des Meziani.
Mais l’ancienne élue, elle aussi absente mardi, ne devrait pas permettre au tribunal d’y voir plus clair. "Ma cliente tient à rappeler à quel point elle se sent éloignée du milieu que vous avez décrit", a plaidé son avocat. L’élue sera entendue dans deux semaines par le tribunal mais elle n’a découvert l’existence et l’ampleur de ce trafic qu’après son interpellation, assure son conseil Me de Saint Rémy.
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