Violation du secret de l'instruction : le patron de la PJ en garde à vue
Quatre policiers sont en garde à vue depuis 10 heures mercredi matin dans les locaux de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), "la police des police". Parmi eux, Bernard Petit, le directeur de la police judiciaire parisienne, et son chef de cabinet, Richard Atlan. Les grades ou fonctions des deux autres policiers ne sont pas précisés. L'affaire porte sur des soupçons de fuites autour de l'affaire Rocancourt, du nom de "l'escroc des stars", Christophe Rocancourt. Il est soupçonné d'avoir tenté de régulariser des sans-papiers, contre paiement.
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Les grands moyens utilisés par les juges
Les juges suspectent certains des policiers entendus d'avoir renseigné Christian Prouteau, ex-patron du GIGN, impliqué dans cette affaire Rocancourt. La nature des informations données n'est pas connue. Mais, selon les investigations de France Info, l'apparition de fuites dans ce dossier a mis dans une colère noire les deux juges d'instruction s'occupant de l'affaire.
Signe qu'ils ont utilisé les grands moyens pour démêler ce volet, les juges n'ont hésité à utiliser des mesures de garde à vue au lieu de simples auditions et parallèlement, des perquisitions ont été menées au siège de la PJ du 36 quai des Orfèvres où des ordinateurs ont été saisis.
Les juges n'ont visiblement pas pris les gants de la discrétion pour avancer. Selon Matthieu Frachon, un spécialiste de l'Histoire de la police, la situation est une première.
"Un petit jeu contraire aux règles"
La garde à vue des policiers a été confirmée par le ministre de l'Intérieur. "Si au terme de ces gardes à vue il devait être confirmé que des manquements graves ont été commis je serais d'une fermeté absolue ", a dit Bernard Cazeneuve. "Il est temps de comprendre que tout ce petit jeu qui consiste à communiquer en permanence des élé ments d'enquête à l'extérieur est contraire aux règles qui doivent prévaloir dans une administration comme la nôtre, qui est censée faire respecter le droit en tous points du territoire national et conduire les enquêtes de façon irréprochable".
Rappelons que Bernard Petit a été nommé à la tête de la PJ parisienne, en décembre 2013. Il avait pris la succession de Christian Flaesch, limogé après avoir téléphoné à l'ancien ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux. Il semblait alors le renseigner sur la meilleure façon de préparer une audition.
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