Langues vivantes : en Allemagne, "on encourage beaucoup", en France, "on entend depuis toujours qu’on n’est pas bons"
Florence Batonnier, responsable communication à l’OFAJ, l’Office franco-allemand pour la jeunesse, a réagi jeudi sur franceinfo alors qu'une nouvelle étude montre les difficultés des élèves français en langues étrangères.
"Il faut faire en sorte qu'on ait envie d’apprendre" pour pouvoir parler une langue étrangère, a estimé jeudi 11 avril sur franceinfo Florence Batonnier, responsable communication à l’OFAJ, l’Office franco-allemand pour la jeunesse. Une étude du Conseil national de l'évaluation du système scolaire (CNESCO) souligne que les élèves français ont des difficultés orales en langues étrangères. Près de trois quarts des élèves ne savent pas parler un anglais correct.
"On décomplexe les élèves allemands" alors que les élèves français entendent "depuis toujours qu’on n’est pas bons en langues", a-t-elle ajouté. En Allemagne, "l’essentiel des cours de langues, c’est de la conversation (...) c’est beaucoup plus accès sur l’oralité" qu'en France.
franceinfo : Pourquoi les Allemands parlent-ils bien anglais ?
Florence Batonnier : On décomplexe les élèves allemands. Il y a une proximité de langues entre l’anglais et l’allemand, c’est plus facile à l’oreille de reconnaître des mots à peu près équivalents entre l’allemand et l’anglais. Il y a aussi un gros poids côté français, on entend depuis toujours qu’on n’est pas bons en langues, donc je ne vois pas pourquoi les jeunes se sentiraient meilleurs. En Allemagne, ce n’est pas le cas, on encourage beaucoup. Il n’y a pas ce poids historique qu’il y a en France de la langue universelle qui remonte aux Lumières. En Allemagne, on n’était pas très fier de sa langue jusqu’à il n'y a pas très longtemps.
On laisse plus de place à l’oralité en Allemagne ?
L’essentiel des cours de langues, c’est de la conversation. Le professeur est souvent assis avec les élèves, au milieu d’eux. Il n’y a pas ce système d’estrade et d’élèves assis en classe, donc c’est beaucoup plus accès sur l’oralité. Et les élèves sont mis beaucoup plus tôt dans une situation d’apprentissage d’une langue étrangère. Même si on doit saluer les efforts faits en France, puisqu’en primaire, la langue étrangère, l’anglais, est de plus en plus enseignée. C’est de l’initiation, des jeux. A partir du moment où c’est positif, avec de l’amusement, c’est déjà un pari gagné.
Quelles sont les pistes pour améliorer cet apprentissage en France ?
Il faut faire en sorte qu’on ait envie d’apprendre. Rien ne remplacera ce qu’on appelle chez nous la mobilité. C’est une possibilité d’immersion, d’aller en Allemagne pour une durée plus ou moins longue. Il faut pouvoir y aller facilement, même pas très longtemps et qu’il n’y ait plus de frein à cette mobilité. Et puis, nous on accompagne les enseignants de primaire pour partir un an dans le pays voisin, pour enseigner leur langue à des Allemands et quand ils reviennent ils sont capables eux-mêmes d’enseigner l'allemand en France. C’est très intéressant aussi, la formation des enseignants, et pas uniquement celle des élèves.
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