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Le cadre français est "investi corps et âme dans son travail"

Poser autant de congés que l’on veut et quand on veut. C'est l'initiative d'une start-up parisienne. Même si l’idée peut faire rêver, les Français n’en seraient pas capables, estime la psychologue et psychanalyste, Marie Pezé, responsable du réseau "Souffrance et travail".
Article rédigé par franceinfo
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  (Les cadres français "explosent leur forfait jour et explosent leur temps de travail © Fotolia)

Il n’est pas toujours évident de poser ses congés. Pour régler le problème, une start-up parisienne a sa solution : les congés illimités ! L'employeur paye tous les mois à ses salariés 2,5 jours de congés, qu'ils en prennent ou pas. Et finalement, ils n'en abusent pas, d'après leur patron.

Si cette initiative semble fonctionner, cela reste une exception car pour la psychologue et psychanalyste, Marie Pezé, responsable du réseau "Souffrance et travail", la psychologie du salarié français est très spécifique. "Le travailleur français est très investi, corps et âme, dans son travail, avec une culpabilité supérieure à celle des anglo-saxons, plus pragmatique', explique-t-elle.

Les salariés français ont du mal à doser 

Les cadres français "explosent leur forfait jour et explosent leur temps de travail et  sont pour la plupart en burn-out parce qu’ils sont connectés, y compris pendant leur temps de vacances, pour gérer leurs dossiers. Si cela peut faciliter les choses pour les femmes cadres et la garde des enfants, cela risque quand même de faire des soirées, des nuits et des week-ends consacrés au travail, " constate Marie Pezé.

"Les cadres n'arrivent pas à déconnecter de leur travail", explique la psychologue et psychanalyste Marié Pezé

Des vacances pour décrocher... en théorie

Ce n'est pas toujours évident de décrocher de son travail quand on reçoit des mails professionnels ou que des clients appellent pour les commerciaux. Et parfois, c'est le salarié lui-même qui s'inflige une connexion avec le travail. 

Les cadres n’arrivent pas à s’éloigner longtemps de leurs mails. "C’est une addiction. Il faut suivre le travail, savoir ce qui se passe dans l’entreprise, savoir comment les équipes que vous avez laissées gèrent en votre absence ", explique Marie Pezé. "Je n’imagine pas des gens  arriver à décrocher complètement, c’est assez illusoire avec le fonctionnement psychologique des cadres français ", poursuit-elle.

"De nos jours, il est très compliqué de se dire que l’on quitte le travail à 18h et que l’on n’y pense plus jusqu’au lendemain matin. Cela n’arrive plus à personne ,"  constate la psychologue. "C’est pourquoi en France on parle du droit à la déconnection dans l’entreprise et que les représentants du personnel et les directions travaillent à mettre ça en place ", souligne-t-elle.

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