Le taux de pauvreté à 14,4% en France en 2022, un niveau quasi stable mais toujours élevé, selon l'Insee
Un niveau quasi stable, mais qui reste élevé. Le taux de pauvreté s'est élevé à 14,4% de la population en 2022 en France métropolitaine, selon l'indicateur annuel de l'Insee, publié jeudi 11 juillet. En 2022, 9,1 millions de personnes se trouvaient en situation de pauvreté monétaire, c'est-à-dire qu'elles disposaient de revenus mensuels inférieurs au seuil de pauvreté, fixé à 60% du revenu médian, soit 1 216 euros pour une personne seule, détaille l'Institut national de la statistique.
Dans un contexte de forte inflation (+5,2%), le niveau de vie des ménages a certes très légèrement augmenté (+0,3 points) grâce aux dispositifs de protection du pouvoir d'achat et de mesures ciblées comme l'indemnité inflation ou le plafonnement de la hausse des loyers à 3,5%, relève l'Insee. Mais dans le même temps, les 6,8 millions de Français les plus modestes ont vu les aides au logement baisser et les aides pour pallier l'interruption des activités liée à la crise sanitaire du Covid-19 s'interrompre.
La "casse est toujours là"
Le taux de "privation matérielle et sociale" a lui atteint 13,1% début 2023 en France métropolitaine, en légère hausse par rapport à début 2022 (12,9%), selon une autre étude publiée par l'Insee jeudi.
Ce taux de privation repose sur le renoncement des ménages à certains produits ou services, comme posséder deux paires de chaussures en bon état, se chauffer correctement, manger de la viande ou du poisson tous les deux jours, ou partir une semaine en vacances chaque année.
Si la part des Français en incapacité de payer leur loyer à temps a baissé (9,4%, -2,2 points entre début 2022 et début 2023), les difficultés s'accroissent pour honorer d'autres types de dépenses tels que les factures d'électricité, de gaz ou d'eau. Ces problématiques concernent 7% des Français contre 6,6% en 2022. Parmi les profils les plus exposés au risque de privations, l'Insee pointe les employés et les ouvriers, ainsi que les familles monoparentales et les familles nombreuses.
Pour Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, "il faut des aides pour que les gens se chauffent et mangent. On n'est pas du tout sur une société d'enfants gâtés, on est vraiment sur des mesures absolument indispensables". Selon lui, si la stabilité du taux de pauvreté "montre" qu'il y a "une action de l'Etat pour compenser une dégradation de la situation", la "casse est toujours là". "On est toujours à des niveaux élevés, au-delà de la barre des 9 millions, et ça c'est inquiétant", réagit-il auprès de l'AFP.
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