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Les patrons du Bataclan espèrent une réouverture "fin 2016"

Olivier Poubelle et Jules Frutos qui dirigent la salle de concert depuis douze ans s’expriment dans le journal Le Monde. Pour la première fois, ils évoquent l’attentat et l’avenir du Bataclan.
Article rédigé par franceinfo
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  (Les attentats du 13 novembre ont fait 90 morts au Bataclan, une salle de concert du 11e arrondissement de Paris ©)

Les co-dirigeants du Bataclan où 90 personnes ont été tuées le 13 novembre, ont décalé dans le temps leur témoignage. Le temps n’a rien changé, ils y pensent, culpabilisent. "On ne se remet pas" . Plus de deux semaines après l’attentat, Olivier Poubelle et Jules Frutos, s’expriment dans le journal Le Monde  ( article réservé aux abonnés) daté de jeudi. Un fragile recul leur permet aujourd'hui de choisir leurs mots pour réfuter le terme "génération Bataclan" et évoquer l’avenir et la "reconstruction ".

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"Pas de mausolée"

Les deux programmateurs, aux manettes du Bataclan depuis 2004, n'étaient pas dans la salle le soir de l'attentat. Ils n’en ont pas rouvert les portes, devant lesquelles Olivier Poubelle passe tous les jours. "J’ai besoin d’être là, dehors tous les jours. Aller devant, oui. C’est la vie que l’on voit" . "Ça me conforte dans l’idée qu’il ne faut pas en faire un mausolée" rajoute Jules Frutos. La vie, ils en parlent même s’ils sont "dead" . "C'est un besoin de vie".  Que faire alors du Bataclan ? 

"Est-ce que Jules et moi aurons envie de poursuivre l’aventure ? Avec quel projet ? Comment allons-nous réagir quand nous allons retourner dans la salle ? Est-ce une histoire terminée, qui en annonce une autre ?"

Les questions ouvertes d’Olivier Poubelle montrent la réflexion engagée entre les deux patrons du Bataclan. Le quand dépasse le pourquoi. La date possible de réouverture est lointaine. Ils l'espèrent vivement "à la fin 2016" , une réouverture souhaitée aussi par l'actionnaire majoritaire, le groupe Lagardère. 

"Une joie de vivre assassinée"

Les deux patrons du Bataclan n’ont pas aimé les mots pour désigner les victimes, souvent utilisés par les médias : "Génération Bataclan, c’est un copié-collé paresseux de la génération Charlie" selon Jules Frutos, "un truc médiatique à la limite de l’irrespect qui, là, encore vise à transformer l’évènement en spectacle".

"C’est d’abord un public qui a été tué."

Olivier Poubelle estime, lui, le slogan "impudique " et restrictif.

"Il y a des profils différents, des âges différents, dix-sept nationalités parmi les victimes de tous les attentats. La seule chose à dire, c’est qu’une joie de vivre a été assassinée."

Parmi les 70 personnes qui travaillent pour les salles gérées par les deux programmateurs, deux ont été tuées au Bataclan : une éclairagiste de la salle de concert, Nathalie Jardin, ainsi que Thomas Duperron, responsable de la communication de la salle La Maroquinerie, tous les deux au concert du 13 novembre, "pour leur plaisir", raconte les deux patrons du Bataclan

"Vingt personnes travaillaient ce soir-là au Bataclan et personne n'a été tué. Certains sont passés à dix centimètres de la mort" a précisé Olivier Poubelle. 

Comment se passent les concerts depuis les attentats, dans les autres salles que dirigent les patrons du Bataclan ? "Il y a du monde. Et un désir de musique plus fort que tout" conclut Jules Frutos .

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