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Témoignage franceinfo "Se donner la main n'est plus envisageable": un an après une agression homophobe, Basile raconte sa nouvelle vie

Article rédigé par franceinfo - Louise Hemmerlé
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Basile Rabouille a posté une photo de son T-shirt ensanglanté et de ses lunettes cassées après une agression dans la nuit du 20 au 21 juin 2017, sur la place de l'Hôtel de ville, à Paris.  (CAPTURE ECRAN TWITTER)

Dans la nuit du 20 au 21 juin 2017, Basile Rabouille et son petit ami Nicolas ont été agressés en plein centre de Paris. 

Basile Rabouille, 26 ans aujourd'hui, a été victime d'une violente agression homophobe dans la nuit du 20 au 21 juin 2017, il y a un peu plus d'un an. Comme Lyes Alouane, il fait partie des 53% de personnes LGBT qui déclarent avoir déjà subi une agression homophobe dans leur vie en France métropolitaine, selon une étude de l'Ifop pour la Dilcrah et la fondation Jean-Jaurès, publiée mercredi 27 juin.

"Nous étions place de l'Hôtel de ville, à Paris. Des amis et moi écoutions de la musique et on buvait un dernier verre avant de rentrer. Mais une bande de mecs nous tombe dessus", raconte Basile à franceinfo, un an plus tard. "Je vois que la situation s'envenime, et ils se mettent à insulter mon copain, Nicolas. (...) Nous étions cinq garçons en train de danser, et vu les insultes qu'ils nous lançaient, il n'y a aucun doute sur le fait que ce soit une agression homophobe."

Moi je me suis pris un coup, et je me suis réveillé dans une ambulance.

Basile Rabouille

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Encore sous le choc de cette agression, Basile a publié dans la foulée sur Twitter des images de son T-shirt ensanglanté et de ses lunettes cassées, auxquelles il manque une branche.

Basile avait déjà subi des insultes, des regards de travers. Mais ce soir-là, c'est la première fois qu'on s'en prend à lui physiquement à cause de son homosexualité. "Globalement, je n'ai pas de séquelles physiques, j'ai eu de la chance, estime le jeune homme, j'ai juste eu la mâchoire un peu enflée mais pas de dent cassée ni de chose trop grave."

Je fais davantage attention à ce qu'il se passe autour de moi. Quand il y a une bande de mecs, je suis toujours sur mes gardes.

Basile Rabouille

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Mais psychologiquement, Basile Rabouille n'est pas totalement indemne. Depuis son agression, il sait qu'un rien pourrait le mettre en danger. "Avant je donnais rarement la main à Nicolas, mais là ce n'est même plus envisageable", raconte-t-il. Basile n'est pas le seul à adapter son comportement pour éviter des injures ou des agressions. Selon l'étude de l'Ifop, 41% des personnes LGBT interrogées disent éviter de tenir la main de leur partenaire en public. "Cela va peut-être revenir, mais pour le moment, on ne l'envisage même plus."

"Je témoigne parce que tout le monde ne peut pas le faire"

La plainte déposée par Basile n'a absolument rien donné, rapporte-t-il. "Dans ce genre de situations, quand les agresseurs ne sont pas interpellés tout de suite, malheureusement c'est très difficile de donner suite à une plainte ; et malheureusement, les vidéos de surveillance sur la place de l'Hôtel de ville n'ont rien donné", dit-il.

Twitter lui a en revanche fourni un exutoire. "C'est un vecteur de revendication et de parole assez fort. Cela rend ce genre d'agressions visibles." S'il a publié son témoignage sous le choc de son agression, sans trop réfléchir, il se sent également une responsabilité de témoigner.

"Je peux témoigner parce que je travaille dans la communication à Paris, ma famille m'accepte, donc globalement je me sens assez fort pour le faire. Mais je pense qu'il y a plein de personnes qui ne sont pas en position de témoigner, estime-t-il. Je le fais parce que tout le monde ne peut pas le faire."

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