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Visibilité des LGBT+ dans le monde du travail : "Les évolutions sont quand même extrêmement lentes", déplore une association

L'association l'Autre cercle appelle à des sanctions réellement efficaces afin de s'attaquer à la LGTBphobie d’ambiance encore trop souvent acceptée et banalisée.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des salariés français sur le parvis de la Défense. Photo d'illustration. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

"Les évolutions sont quand même extrêmement lentes", déplore lundi 6 juin sur franceinfo Alain Gavand, administrateur et co-responsable de l'observatoire de l'Autre Cercle qui vient de publier le troisième baromètre, avec l'Ifop, sur l'inclusion des personnes LGBT dans le monde du travail en France. L’association invite les entreprises à signer une charte d'engagement LGBT pour favoriser la visibilité de ces personnes et lutter contre les violences dont elles sont victimes.

>> Les atteintes aux droits des personnes LGBTQ+ sont en augmentation dans les entreprises

L’Autre cercle appelle d’ailleurs à des sanctions réellement efficaces afin de s'attaquer à la LGTBphobie d’ambiance encore trop souvent acceptée et banalisée. "Les personnes LGBT sont moins résignées, moins tolérantes à accepter des propos ou des insultes et des mises à l’écart", a-t-il affirmé. "Les entreprises doivent s'engager", explique Alain Gavand.

franceinfo : Cette charte que vous proposez fait-elle bouger les choses dans les entreprises ?

Alain Gavand : Dans les entreprises non-engagées, c’est une personne sur deux qui n'est pas visible, alors que dans les entreprises engagées, c’est 60% des LGBT visibles. Et puis, il y a effectivement moins de discriminations LGTBphobes, des mises à l'écart de salariés ou des moqueries désobligeantes, des propos vexants et également, il y a moins de LGTBphobie d’ambiance. C'est, par exemple, des petites blagues sur un ton humoristique tel que "ce n'est pas un boulot de pédé". Les expressions de ce type, finalement, renforcent les stéréotypes qui créent un malaise et n'autorisent pas les personnes LGBT à se sentir en confiance et bien dans leurs baskets dans le monde du travail.

Existe-t-il une augmentation des discriminations et des agressions contre les personnes LGBT ?

Il y a quand même une violence dans la société civile et dans les médias sociaux. Nous nous en sommes rendu compte au moment de la Journée internationale contre l'homophobie, le 17 mai. Il y a eu beaucoup d'insultes. Cette violence s'invite dans le monde du travail. Pour autant, les personnes LGBT sont moins résignées, sont moins tolérantes à accepter des propos ou des insultes, des mises à l’écart. Et effectivement, elles vont considérer que ce qui était normal il y a encore dix ou vingt ans ne l'est plus aujourd'hui dans le monde du travail.

Mais y a-t-il toujours une forme d’invisibilisation ?

Oui, une personne sur deux n'est pas visible, par peur d'une mise à l'écart, par peur de cette LGBTphobie d’ambiance, par peur des discriminations également, du renforcement des stéréotypes. C'est une réalité. Et le constat de cette troisième édition, c'est que les chiffres n'évoluent pas. Nous avons lancé ce baromètre en 2017. Cinq ans après, les évolutions sont quand même extrêmement lentes et sur cette thématique de la visibilité nous ne progressons pas. Donc, cela veut dire que les entreprises, les organisations publiques doivent davantage s'engager sur cette question, comme pour la prévention du racisme, l'égalité hommes femmes. Ce sujet doit vraiment être mis sur la table. Les entreprises doivent s'engager sur ces questions et doivent sensibiliser leurs collaborateurs et les managers, notamment de proximité, pour que dans dix ans, nous ayons de réelles progressions. Rendez-vous dans deux ans pour la quatrième édition et j'espère, enfin, que nous pourrons mesurer les progrès sur ce sujet.

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