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"Je n'étais traité que comme de la chair génétique" : un homme raconte pourquoi il milite pour la levée de l'anonymat des donneurs de sperme

Les députés entament mardi les discussions au sujet de la loi bioéthique qui prévoit de lever l'anonymat des donneurs de sperme. Jérôme a voulu donner mais il a abandonné, parce qu'il trouvait "inhumain" que les personnes nées de dons ne puissent pas rencontrer leur donneur.

Article rédigé par franceinfo - Farida Nouar
Radio France
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Préparation de sperme en vue d'une fécondation in vitro. (illustration) (L. SOUCI / BSIP)

"C'est une paternité sans paternité", explique Jérôme Deneubourg, qui a voulu donner son sperme avant d'abandonner, parce qu'il milite aujourd'hui pour la levée de l'anonymat. Le projet de loi bioéthique, débattu à l'Assemblée nationale à partir du mardi 24 septembre, prévoit justement de lever l'anonymat en obligeant les donneurs à accepter que l'enfant né de son don puisse, s'il le souhaite, connaître son identité lorsqu'il sera majeur.

Pour Jérôme, donner son sperme est un geste altruiste qui consiste à aider les familles. C'est aussi pour lui une façon d'être père. "Si je n'ai pas eu d'enfants, c'est que j'estimais que cette paternité ne pouvait pas avoir de place. Mais au fond, le fait de savoir que mon patrimoine génétique peut s'incarner dans des enfants me plaît", explique-t-il.

Ne plus être traité comme de "la chair génétique"

En 2018, il a entamé un parcours de donneur. Se sont succédé les tests médicaux, l’entretien avec la psychologue et la généticienne. "Tout était bon", raconte-t-il. Et puis, il a tout arrêté "parce que je n'étais traité que comme de la chair génétique". "Au départ, c'est ce qui me plaisait. Je me disais : 'je vais donner, cela va être anonyme, je n'aurai pas à me soucier des enfants', confie Jérôme, en réfléchissant, je me suis dit que si ces personnes issues d'un don souhaitaient rencontrer leur donneur et que le donneur était d'accord, je ne voyais pas pourquoi la loi l'interdisait".

Je me suis dit qu'interdire à ces personnes de rencontrer leur donneur était inhumain.

Jérôme Deneubourg

à franceinfo

Il s'est ensuite rapproché d'une association pour rencontrer des enfants nés de donneurs anonymes. "Ces personnes disent : 'nous avons été élevés par des parents qui nous ont éduqué socialement, aimé, choyé, mais nous avons aussi un patrimoine génétique en commun avec le donneur qui pourrait nous expliquer des choses, sur notre caractère par exemple'. Ils veulent donc, non pas se dire que tout est génétique, mais comprendre le complément", raconte-t-il.

Une loi qui va "changer le profil des donneurs"

Jérôme ne sait pas si la levée de l’anonymat proposée dans le projet de loi bioéthique risque d’effrayer les futurs donneurs, mais pour lui, elle changera les profils. "Ce sont des gens qui auront cette imagination, de se dire qu'ils font un don généreux, et qu'en plus, ils pourront le prolonger en ayant cette générosité de donner des renseignements sur eux, éventuellement une photo, éventuellement une rencontre", dit-il.

Quand on voit quelqu'un qui nous ressemble à 50%, on craque quand même, même si on ne craque pas au sens où on devient père.

Jérôme Deneubourg

à franceinfo

À 46 ans, Jérôme, qui a raconté son expérience dans un livre intitulé Parcours d'un donneur de gamètes (L'Harmattan), ne pourra plus être donneur. Il aurait aimé que l’âge limite fixé à moins de 45 ans soit aussi modifié dans le projet de loi.

Le reportage franceinfo de Farida Nouar

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