"Pour être prise en charge par la Sécu, il faut avoir moins de 43 ans" : ces femmes lassées d'attendre la "PMA pour toutes"
Le projet de loi de bioéthique et sa mesure phare d'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples lesbiens et aux femmes célibataires est de retour devant l’Assemblée nationale lundi. Une loi attendue depuis dix ans pour certaines femmes qui voient enfin le bout du tunnel arriver.
À 43 ans, Jena attend "enfin" l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) en France. "Enfin", car cela fait trois ans qu'elle et sa compagne souhaitent avoir un enfant. "Enfin" aussi car la conjointe de Jena a 42 ans, et c'est elle qui portera le bébé. Elles n'ont donc plus de temps à perdre. "D'un point de vue physiologique, si on veut des chances que cette PMA se fasse bien, il faut la faire dans les années qui viennent, je ne vous apprends rien, confie-t-elle. Et puis, pour que ce soit un parcours qui soit pris en charge par la Sécurité sociale, il faut vraiment que ce soit avant ses 43 ans."
L'âge, une donnée "encore plus importante"
En France, la Sécurité sociale prend en charge la PMA jusqu'à 43 ans pour les femmes. Alice est âgée de 34 ans, et a donc un peu plus de temps à priori. Mais pas tant que cela, dit-elle. "Quand on est une femme lesbienne, on ne peut pas juste se dire 'OK, demain, j'arrête la pilule ou j'arrête d'utiliser des préservatifs', explique-t-elle. Tout de suite, on se pose des questions : 'quel parcours ? Est-ce que je le fais en France ou à l'étranger ? Est-ce que ça va me coûter de l'argent ou pas ? Est-ce que j'ai recours à un donneur ou pas ?' Je pense que ça projette dans des parcours de parentalité qui sont un peu différents, et dans lequel l'âge a une donnée encore plus importante."
Le gouvernement souhaite une adoption définitive du texte, qui prévoit notamment l'ouverture de la PMA à toutes les femmes, avant l'été. Promesse de campagne de François Hollande en 2012, le texte a été depuis maintes fois repoussé, notamment par le gouvernement actuel. Alice et sa compagne n'ont pas attendu que la PMA soit un jour autorisée en France. Elles se sont rendues en Belgique où c'est légal. "Il y a quelques mois, on a fait une première tentative de Fécondation In Vitro (FIV) qui n'a pas fonctionné, regrette-t-elle. Cela pose des questions très concrètes : 'est-ce qu'on fait une deuxième tentative, mais c'est quand même 4 000 euros par essai, est-ce que j'attends quelques mois ? Mais si j'attends, ne vais-je pas avoir des ovocytes de moins bonne qualité ?"
"Le fait que cette loi ne soit pas encore passée, ça empêche de se dire que c'est quelque chose de possible pour soi et je pense que c'est vraiment très dommageable. Donc ça me met en colère."
Alice, en attente de PMAà franceinfo
En colère, Sarah, 31 ans, l'est également. Elle est en couple avec une femme
et elles vont faire elles aussi une tentative de FIV à l'étranger : "Ça met beaucoup de pression sur la santé des mères, comme c'est illégal, on n'a pas de droit vis-à-vis de nos employeurs. Si on avait les mêmes conditions que n'importe quel couple, on n'aurait pas tous ces problèmes-là."
Jena, Alice, Sarah et beaucoup d'autres femmes vivent cela comme de la discrimination qui prendra fin, espèrent-elles, cet été.
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