Cet article date de plus de cinq ans.

Maltraitance en Ehpad : "Si la vieille dame ou le vieux monsieur est d'accord, pourquoi pas poser une caméra dans la chambre ?"

Alors qu'un aide-soignant est jugé en comparution immédiate pour avoir violenté une pensionnaire d'un Ehpad du Val-de-Marne, Romain Gizolme, le directeur de l'association des directeurs au service des personnes âgées, évoque la possibilité d'installer des caméras dans les chambres des résidents volontaires.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un résident d'Ehpad lit dans sa chambre, à Paris (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

"Dès lors que la personne est d'accord pourquoi pas" poser une caméra dans la chambre d'une personne âgée dans un Ehpad, (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) s'il y a soupçon de maltraitance, affirme Romain Gizolme, le directeur de l'association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), vendredi 15 février sur franceinfo alors qu'un aide-soignant est jugé en comparution immédiate pour avoir violenté une pensionnaire de l'Ehpad d'Arceuil, dans le Val-de-Marne – faits révélés par une caméra installée par la famille.

franceinfo : Connaissiez-vous ce cas de maltraitance ou tombez-vous des nues ?

Romain Gizolme : C'est toujours un moment très difficile pour l'ensemble des professionnels et je tiens à dire que nous avons une pensée particulière à la fois pour la dame concernée, pour la famille et pour les équipes de cette structure qui vivent une situation tout à fait particulière. On voit bien que la direction a pris les mesures immédiates qui s'imposaient lorsque les faits ont été indiqués en mettant à pied la personne, en signalant les faits aux autorités publiques, donc c'est évidemment une situation qui est toujours difficile à vivre et toujours choquante. Ces images ont permis de mettre en évidence des soupçons et donc en cela, ça a été utile. Pour autant, vous ne pouvez engager des mesures que dès lors que vous avez des éléments suffisamment probants pour le faire. Il semble que cette situation ait permis de le faire là et c'est tant mieux. Ca a permis de mettre à pied un professionnel qui semble-t-il n'a pas lieu de travailler dans ce secteur.

De telles violentes envers les personnes âgées sont-elles fréquentes ?

Je ne sais s'il y a un problème dans ce cas particulier. Il est clair de toute façon que l'on est dans une société qui discrimine par l'âge. D'ailleurs l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2015 disait combien nous étions dans une société occidentale qui dévalorise le grand âge et tout ce qui a trait au grand âge. C'est l'ensemble du regard de la société qui a cet élément là et qu'il faut prendre en considération, y compris parmi tous les membres de la société. Les gens qui travaillent dans ce secteur y sont plus sensibilisés, c'est bien pour ça qu'en début d'année 2018 l'ensemble des organisations de salariés, de directeurs également, de familles et de personnes âges elles-mêmes, ont dénoncé le manquement des pouvoirs publics à l'égard des politiques publiques, de l'aide aux personnes âgées, et parce qu'il faut améliorer les choses et l'amélioration passe aussi par un changement de regard de notre société pour mieux valoriser les personnes âgées et ce qu'elles disent pour que nous les prenions mieux en considération, donc ça fait partie des éléments de l'amélioration.

Cet Ehpad avait-il bonne réputation ?

Plutôt. Il faut bien distinguer deux choses. Il y a des actes de malveillance isolés qui sont le fait d'un individu, comme c'est le cas dans cette situation. Je vous invite quand même à attendre que les faits soient condamnés. Nous avons en effet des éléments qui semblent montrer que tout laisse à penser que c'était effectivement tout à fait répréhensible, et il faut le faire fortement si c'est bien avéré, mais il y a deux situations à distinguer, d'abord les cas isolés d'individus qui sont particulièrement dysfonctionnant et de façon grave et qu'il faut sanctionner, et puis après il y a l'ensemble d'un système de fonctionnement. Aujourd'hui, il ne semble pas indiquer que cela ait lieu ou cela tienne pour ce qui concerne cet établissement, le système ou le fonctionnement de cet établissement.

La directrice de l'Ehpad a dit que la famille avait eu raison de poser une caméra dans la chambre de la victime. Encouragez-vous à le faire ?

Je ne sais pas si c'est la solution d'avenir. Je ne suis pas sûr qu'il y ait une solution pour toutes les situations. Quoi qu'il en soit, dans cette situation, c'est un élément qui a permis de révéler, de mettre en lumière, les dysfonctionnements qui seront certainement condamnés. Il faut le faire si la personne est d'accord, la première personne concernée c'est-à-dire la vieille dame ou le vieux monsieur qui fait l'objet de l'installation de ce type d'équipement. Dès lors que la personne est d'accord pourquoi pas, ça peut être un élément. C'est mieux de travailler en équipe [avec la direction de l'établissement] parce qu'au sein d'une structure, les équipes professionnelles, les familles et les personnes âgées forment un trio qui travaille ensemble, donc c'est toujours plus sain quand les choses sont clairement énoncées. Maintenant, je vous le redis, ça ne peut pas correspondre à toutes les situations et il faut respecter en tout premier lieu le choix de la personne âgée elle-même.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.