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Nouveau rapport très critique sur les prisons françaises

Le contrôleur général des lieux de privation de liberté présentait son rapport annuel ce matin. Il dénonce notamment des établissements surpeuplés, des fouilles humiliantes, un manque de travail et des droits sociaux à minima.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Franceinfo (Franceinfo)

Avec un taux d'occupation de 114% en moyenne au 1er janvier 2012, la situation dans les prisons françaises ne s'est pas améliorée. Le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), Jean-Marie Delarue, dresse un état des lieux très critique sur plusieurs points. Depuis 2008 et jusqu'au 31 décembre 2011, il a visité 506 lieux de détention en France : des prisons, mais aussi des centres de rétention administrative, des établissements de santé mentale et des locaux de garde à vue.

Le travail de plus en plus rare

Pour Jean-Marie Delarue, le travail est "une nécessité " en prison, car "il amorce une démarche de réinsertion et contribue à éviter la récidive ". En 2010, seules 17.497 personnes ont été rémunérées au titre d'un travail en détention, soit 27,7%."Alors que beaucoup aimeraient travailler ", constate le contrôleur. Il dénonce un travail irrégulier, épisodique et "beaucoup plus mal payé que le prévoit le règlement ".

Des prisons trop grandes

Elles sont certes plus modernes et moins crasseuses, mais les nouvelles prisons sont aussi bien plus vastes, et du coup déshumanisées. "On s'est trompé dans l'architecture des prisons, on a mis 600 ou 800 détenus là où avant il y en avait 100 ou 130, et du coup il se produit ce que j'appelle la massification de la détention ", explique-t-il.

Des fouilles trop systématiques

La fouille "à corps" est "une humiliation pour celui qui en est l'objet et
constitue une gêne importante pour celui qui en est chargé
", note le contrôleur. Et à ce niveau, il n'a constaté aucune évolution, alors que la loi pénitentiaire de 2009 était censée "régir" ces fouilles.

La dangerosité comme concept de base

"Est-on capable de savoir qu'un individu va commettre un crime demain? Je ne crois pas. On aura beau perfectionner les instruments, on n'y arrivera pas ", déclare Jean-Marie Delarue. Le contrôleur s'inquiète d'un changement de point de vue dans les lieux de détention, basée sur la "dangerosité" supposée des détenus. "L'effort actuel porte sur la population qui, condamnée hier, peut devenir dangereuse demain ". Un postulat de base très éloigné d'une volonté de réinsertion. "La sécurité des Français se joue au moment de la sortie du détenu et non à son entrée en prison ", indique pourtant le CGLPL, demandant aux candidats à la présidentielle un changement de perspective.

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