Nouvelle campagne des Restos du Cœur : des bénéficiaires de plus en plus démunis en raison de la crise sanitaire
Les Restos du coeur lancent mardi 23 novembre leur 37e campagne. 1,2 million de personnes ont été accueillies en 2020-2021 et 142 millions de repas distribués.
La 37e campagne des Restos du coeur débute mardi 23 novembre. Isidore, 47 ans, sans emploi, vient au centre d'accueil et de distribution des Restos du Coeur de la Villette, dans le 19e arrondissement de Paris, depuis sept ans. Chaque semaine, il récupère de quoi manger pendant trois ou quatre jours. Il constate une hausse du nombre de personnes dans le besoin. "Depuis que nous sommes en période de Covid, les effectifs ont quadruplé par rapport aux années précédentes."
En 2020-2021, 1,2 million de personnes ont pu être accueillies, dont les trois quarts pendant l'hiver. L'association créée par Coluche en 1985 alerte, car la crise du Covid-19 a aggravé la situation des plus précaires. Forçant certaines personnes à venir plus régulièrement.
Pour une aide alimentaire, pour agir pour l’avenir en luttant contre l’isolement et proposer des accompagnements d’inclusion sociale. La solidarité et l’engagement doivent être au rendez-vous en 2022. Nous avons besoin de vous #Agir #OnCompteSurVoushttps://t.co/yFaAMIW9X3 pic.twitter.com/zHOU8EbsnJ
— Les Restos du Coeur (@restosducoeur) November 18, 2021
Parmi les bénéficiaires, 15 % ont déclaré être venus pour la première fois du fait de la crise sanitaire, comme Corinne, 56 ans. "On ne s'en sort pas. On n'arrive pas à s'en sortir, surtout une personne seule. Je travaillais, j'avais une situation et tout s'est arrêté. Et donc là, on se dit il n'y a pas le choix, il faut pousser la porte", raconte-t-elle.
Marie-Helène, elle, avait poussé cette porte bien avant la crise sanitaire. Seulement aujourd'hui le constat est édifiant, impossible pour elle de se nourrir sans l'aide des Restos du Coeur. "Moi, je suis dans le privé, je paie 650 euros de loyer", explique-t-elle. "On n'a rien. Même les vêtements, je ne peux même plus m'habiller. Je vais à Montreuil acheter des vêtements de seconde main."
"Une fois que j'ai dépensé mon loyer, mon gaz, l'électricité, il me reste 50 euros pour vivre."
Marie-Helène, une bénéficiaire des Restos du coeurà franceinfo
Raymonde Fernandez, 80 ans, a connu, elle aussi, cette précarité, il y a plus de 30 ans. Aujourd'hui elle est responsable du centre de distribution de la Villette.
Selon elle, l'effet le plus important de la crise sanitaire, c'est d'avoir entraîné des personnes dans la précarité, alors qu'elles en étaient sorties. C'est le cas de cette maman de trois enfants qui vient de se réinscrire auprès de Raymonde. "Elle était venue en 2018 et elle revient cette année. Ça veut dire que pendant un temps, elle a travaillé. Elle a pu subvenir à ses besoins. De nouveau, elle est dans la difficulté et d'une façon relativement importante", déplore la bénévole.
Vivre avec moins de 530 euros par mois
Raymonde l'affirme, aujourd'hui on tombe plus facilement dans la précarité qu'auparavant. "Il y a des gens qui sont vraiment dans des difficultés énormes, donc les conditions de vie maintenant sont beaucoup plus difficiles et personne n'est à l'abri. Il faut très peu de choses pour tomber dans la précarité. Vraiment, très, très peu de choses."
Le centre de la Villette aide plus de 2 000 personnes chaque hiver, mais en 2021-2022 ce chiffre pourrait augmenter. Actuellement, la moitié des personnes accueillies aux Restos du Cœur vit avec moins de 530 euros par mois.
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