Des chercheurs français mettent au point une crème qui protège d'une contamination nucléaire
La crème, qui équipe depuis plusieurs semaines la plupart des centrales nucléaires françaises, est efficace à 95% selon les chercheurs.
C'est la première crème lavante au monde qui vous protège d'une contamination nucléaire... et elle provient d'un laboratoire public français. Le Calixarène ressemble à un tube de pommade classique. C'est une molécule qui permet, quand il y a un risque de contamination, d'empêcher les éléments radioactifs de pénétrer par la peau.
Efficace à 95% selon les chercheurs, cette crème lavante équipe depuis plusieurs semaines la plupart des centrales nucléaires de France. Elle est utilisée en cas d'exposition à de la radioactivité, car les protections traditionnelles ne sont pas toujours suffisantes. "Un travailleur est protégé par un équipement (une combinaison, des gants, un masque et une charlotte) et malgré cela il peut y avoir des situations où il y a rupture de confinement et donc exposition, à travers un gant qui s'arrache par exemple à travers un outil coupant ou tranchant, explique Guillaume Phan, chercheur à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Dès qu'il y a suspicion ou contamination avérée, l'idéal est d'intervenir le plus rapidement possible."
Utilisé à plusieurs reprises dans les centrales
En quelques semaines d'existence, le Calixarène a déjà été utilisé à plusieurs reprises dans des centrales nucléaires françaises. Car dans chaque centrale, il se produit chaque année une dizaine d'incidents. Et jusqu'à présent, les consignes étaient indigentes explique le professeur Elias Fattal, de l'Université Paris Sud-CNRS : "C'était des consignes qui consistaient en un lavage assez simple, avec des détergents, donc des produits d'hygiène de tous les jours qui pouvaient même, comme nos travaux l'ont montré, empirer la situation, c'est-à-dire favoriser plus le passage à travers la peau de ces composés, plutôt que de les retenir à la surface."
Dans le futur, l'utilisation de cette crème lavante pourrait être étendue au grand public en cas d'accident nucléaire, d'acte de malveillance, étendue aussi aux ouvriers des futurs démantèlements de centrales, et également aux hôpitaux qui pratiquent la médecine nucléaire. Pour les chercheurs, l'étape suivante, c'est d'aller plus loin que cette solution d'urgence. "Avec la crème on prévient le passage dans le sang, puis dans les tissus et les organes, poursuit le professeur Elias Fattal, mais ensuite, si on arrive trop tard il faudra envisager une deuxième approche qui est celle d'aller capter dans les organes les radionucléides contaminants". Les chercheurs veulent ainsi trouver la façon d'éliminer la radioactivité déjà entrée dans les poumons, dans le foie, ou les os.
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