Une vingtaine de militants de Greenpeace arrêtés dans la centrale de Fessenheim
Les membres de l'organisation écologiste demandent la mise à l'arrêt immédiate de la plus vieille centrale nucléaire française.
Plusieurs dizaines de militants de l'organisation écologiste Greenpeace se sont introduits dans l'enceinte de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin). Mardi 18 mars, 56 individus ont participé à cette action, dont "une quarantaine ont réussi à entrer en zone protégée", a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet. "Dix-neuf militants ont été interpellés immédiatement, puis quinze autres au fur et à mesure", a-t-il ajouté.
Au cours de cette action, débutée vers 5h30, les militants ont déployé une banderole sur le toit d'un bâtiment : "Cessez de mettre l'Europe en danger."
#action #fessenheim première image : Stop Risking Europe ! #TheEnd pic.twitter.com/rk441MvLDT
— Greenpeace France (@greenpeacefr) 18 Mars 2014
Interpeller sur les failles de sécurité
"On peut rentrer dans cette centrale, comme dans beaucoup des centrales françaises, assez facilement", a assuré à France 2 Cyrille Cormier, spécialiste des questions nucléaires chez Greenpeace France. "Il y a un réel problème lié à la sécurité du site nucléaire de Fessenheim."
Pour les militants, il est question d'interpeller sur les éventuelles failles de sécurité que présentent les centrales nucléaires en s'y introduisant pacifiquement. "Ceux qui aujourd'hui dans le gouvernement et à EDF nous racontent qu'il n'y a rien à craindre (...) ne font que proférer des mensonges", a réagi l'écologiste Noël Mamère sur BFMTV. Cette action constitue, selon lui, une preuve qu'"il n'existe pas de sécurité totale en matière de nucléaire". Que ce soit un risque d'intrusion, ou un risque d'accident, a précisé l'ancien élu d'Europe Ecologie-Les Verts.
Toujours sur BFMTV, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet, a assuré que cette pénétration sur le site, "même s'ils peuvent aller assez loin dans la centrale nucléaire", ne constitue pas une menace : "Le débat est totalement biaisé. A partir du moment où l'on sait que c'est une action médiatique, on adapte le niveau de riposte, mais ce n'est pas parce que des individus pénètrent dans la centrale qu'il y a atteinte à la sécurité nucléaire", a-t-il fait valoir alors que les militants se trouvent encore sur le site. D'après lui, les forces de l'ordre sont "en capacité de les neutraliser à tout moment".
Et demander la transition énergétique
Sur le site de partage de photos Flickr, des militants montrent qu'une seconde banderole, sur laquelle on peut lire "Monsieur Hollande, une vraie transition énergétique maintenant", a été déployée. Une transition qui passe, pour les militants écologistes, par la mise à l'arrêt immédiate des deux réacteurs de 900 MW de la centrale, qui sont en service depuis 1977. La centrale, la plus ancienne actuellement en service en France, doit fermer d'ici la fin 2016 selon une promesse faite par François Hollande pendant la campagne de l'élection présidentielle. Cette action survient deux jours avant le sommet des chefs d'Etat européens consacré à l'avenir de l'énergie en Europe.
La dernière action sur ce site date du 9 mars, à l'occasion du troisième anniversaire de la catastrophe nucléaire qui a frappé le Japon à la suite du tremblement de terre et du tsunami de mars 2011. Les antinucléaires avaient manifesté sur les ponts du Rhin et à proximité de la centrale pour réclamer sa fermeture.
"Fessenheim est le symbole des centrales vieillissantes en Europe", explique Cyril Cormier, chargé des questions énergie et climat chez Greenpeace, interrogé au micro de France Bleu Alsace, pour France Info. Les centrales du Tricastin, de Gravelines ou du Blayais ont plus de 30 ans et "montrent des signes de fatigue. Ce sont toutes ces centrales qu'il faut fermer", poursuit-il.
D'ailleurs, cette introduction dans la centrale de Fesseinheim n'est pas un coup d'essai. Lundi, le tribunal correctionnel de Marseille a condamné neuf militants et cadres de Greenpeace à des peines de prison avec sursis et à de lourdes amendes pour avoir illégalement tenté de s'introduire, en 2011, sur le site nucléaire de Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.