EPR de Flamanville : les étapes qui restent à franchir avant la mise en service et la production d'électricité
"C'est parti pour le réacteur nucléaire de Flamanville." Sur le réseau social X, la ministre démissionnaire Agnès Pannier-Runacher, anciennement chargée de la Transition énergétique, s'est réjouie de voir aboutir "ce chantier industriel sans égal".
Les nombreux déboires qui ont affecté la construction de l'EPR – fissures dans le béton de la dalle, anomalies dans l'acier de la cuve, défauts de soudure sur les traversées de l'enceinte de confinement... – ont prolongé le chantier d'une douzaine d'années et fait exploser la facture, désormais estimée à 13,2 milliards d'euros par EDF, quatre fois plus que le devis initial de 3,3 milliards.
L'EPR normand entame mardi 3 septembre une étape cruciale en vue de fournir (prochaînement) de l'électricité aux foyers français. Cette mise en route appelée "divergence" n'est toutefois pas l'étape finale.
Mettre en route le réacteur
Au début du mois de juillet, face aux journalistes invités sur le site, un respnsable d'EDF décrivait ainsi la divergence dans L'Usine Nouvelle : c'est comme "démarrer une voiture tout en restant au point mort". Au sein du réacteur, lorsqu'un neutron heurte un noyau fissile, il libère de nouveaux neutrons qui, à leur tour, en percutent d'autres. On appelle "divergence" l'initiation de cette réaction en chaîne de fission nucléaire qui à terme produira de grandes quantités d'énergie. La divergence permet de "faire battre le cœur du réacteur pour la première fois", selon EDF.
"Il va y avoir une réaction nucléaire dans le réacteur, il va produire de la chaleur. Pour autant, il ne produit pas encore de l'électricité", a détaillé Nicolas Goldberg, expert en énergie chez Colombus Consulting, sur RMC. "On regarde si la réaction nucléaire se passe bien, si le réacteur peut un petit peu monter en puissance, jusqu'à 10% de sa puissance."
Raccorder la centrale au réseau
Pour procéder à l'étape suivante, le couplage, il faudra que le réacteur atteigne environ un quart de sa puissance. D'après le directeur adjoint de la division production nucléaire d'EDF, l'EPR devrait atteindre ce palier d'ici "la fin de l'automne". A cette date et après "un programme assez conséquent de tests", l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) devra donner son feu vert pour que le réacteur produise de l'électricité et soit raccordé au réseau, afin d'apporter de l'électricité dans les foyers français.
L'ASN assurera ensuite le contrôle "des étapes ultérieures du démarrage du réacteur, jusqu'à l'atteinte de la puissance maximale du réacteur", explique l'autorité sur son site. En juillet, le directeur adjoint de la division production nucléaire d'EDF avait déclaré qu'il faudrait "plusieurs mois" pour atteindre ce plafond.
Avec 1,6 gigawatt, le réacteur pourra ainsi "alimenter 2 millions de personnes", selon Emmanuelle Galichet, enseignante-chercheuse en physique nucléaire pour le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), interrogée sur franceinfo.
Refaire des travaux
Une fois la puissance maximale du réacteur atteinte, l'EPR de Flamanville fonctionnera pour la durée d'un cycle de fonctionnement, soit entre 15 et 18 mois, avant une première mise à l'arrêt, programmée pour procéder au rechargement du réacteur en combustibles nucléaires (ici 241 assemblages d'uranium).
Cette première interruption donnera lieu à de nouveaux travaux sur l'EPR, qui accuse déjà 12 ans de retard. En 2014, le fabricant Framatome avait en effet idenfié une anomalie dans la composition de l'acier sur certaines zones du couvercle du réacteur et celui-ci devait être remplacé avant la fin 2024. L'ASN a finalement prolongé d'un an et demi l'utilisation de ce couvercle, afin de permettre le démarrage de la centrale et faire coïncider ces travaux avec cette pause, note France 3 Normandie.
Le nouveau couvercle ayant été livré par Framatome en octobre 2023, le modèle défectueux deviendra quant à lui un déchet radioactif, qui sera stocké à La Hague, non loin de Flamanville.
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