Nucléaire : fusionner l'IRSN et l'ASN, "c'est vraiment chercher à aller dans le mur", estime Cédric Villani
La réforme pour la fusion de l’IRSN et l’ASN, "c'est vraiment chercher à aller dans le mur", a dénoncé lundi 13 mars sur franceinfo Cédric Villani, alors que le projet de loi sur le nucléaire est examiné à l'Assemblée nationale. Le gouvernement y a ajouté la réforme de la sûreté nucléaire par un simple amendement, adopté par les députés en commission, qui vise à intégrer l'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), l'expert technique, à l'ASN (Autorité de sûreté nucléaire), le gendarme des centrales.
Selon le mathématicien et ancien député, "nous avons une réforme qui est faite à la hussarde". Pour l'ancien président de l'Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, "aux premières loges pour voir tout le fonctionnement des institutions de cette sûreté nucléaire", le gouvernement se prépare, "contre l'avis des intéressés", "à opérer le plus grand chambardement dans la sûreté nucléaire de toute notre histoire".
Une réforme "faite à la hussarde"
Selon lui, la dissolution de l'IRSN signifierait la disparition "d'un système mis en place, avec un rapport préliminaire, avec une loi, avec des dispositions entérinées et programmées et assurées pendant une quinzaine d'années, depuis 1998", alors que "rien n’est prêt".
"Vous avez 1 700 personnes, ingénieurs, scientifiques, qui seraient rattachées d'un coup à l'Autorité de sûreté nucléaire qui aujourd'hui n'en compte que 400."
Cédric Villani, mathématicien et ex-députésur franceinfo
Pourtant, les organes de conseil scientifique, les comités d'orientation de recherches, les comités d'éthique et de déontologie, "tous les organes de direction se sont prononcés contre cette fusion", insiste-t-il, "qui se fait à marche forcée et contre les personnels". Cette fusion pourrait entraîner des problèmes de toutes sortes, d'après Cédric Villani : "Des problèmes de séparation entre l'expertise et la décision, le partage des rôles entre sécurité et sûreté et les problèmes sur le statut des personnels comme le statut du doctorant ou encore sur les autorisations."
"Il aurait fallu des années de préparation"
Selon les règles internationales telles que celles de l'AIEA, l'Agence internationale pour l'énergie atomique, "il aurait fallu des années de préparation pour cela et tout ça est fait en un clin d'œil, sans qu'on sache sur la base de quel rapport, sans qu'on sache sur quelle évaluation". Le gouvernement s’appuie notamment sur un rapport de la Cour des comptes de 2014. "Mais dans ce même rapport de la Cour des comptes, on disait que ce serait une erreur que de fusionner", conclut Cédric Villani.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.