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Pourquoi on a besoin de gendarmes dans les centrales nucléaires

Depuis cinq ans, des escadrons spécialisés assurent la sécurité aux abords des centrales françaises. FTVi vous explique pourquoi.

Article rédigé par Floriane Louison
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire (Cher), le 27 mars 2007. (ALAIN JOCARD / AFP)

NUCLEAIRE - Une quarantaine de "gendarmes du nucléaire" prennent leurs quartiers, samedi 1er septembre, dans la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire (Cher). Sous le nom de PSPG, Peloton spécialisé de protection de la gendarmerie, ils seront chargés de la surveillance de cette centrale qui fonctionne depuis 1987. Depuis 2007, ces escadrons d'élite débarquent les uns après les autres dans les centrales françaises. Après celui de Belleville-sur-Loire, le vingtième et dernier PSPG sera créé à Creys-Malville dans l'Isère, au cours de l'automne. FTVi explique pourquoi l'Etat met des gendarmes dans les centrales nucléaires. 

1Parce qu'il y a eu les attentats du 11 septembre

L'idée d'installer une équipe de gendarmes spécialisés est née après les attentats du 11 septembre 2001. Evidemment, les installations n'étaient pas dépourvues de toute surveillance avant cette date, mais face au risque terroriste, la sécurité a été renforcée. Co-financés par EDF, les PSPG sont présents 24h sur 24, ils sont formés par le GIGN (Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale) et entraînés consciencieusement aux risques toxiques et nucléaires, ce qui n'était pas le cas auparavant.

Une convention, signée en février 2009 entre la gendarmerie nationale et EDF, leur donne comme mission première de "s'opposer rapidement à toute intrusion ou manifestation hostile à l'encontre des installations et du personnel", indique EDF dans une lettre d'information du centre nucléaire de Bugey (Ain). "Mais on n'en sait pas plus", souligne Alexis Calafat, président de l'Association des représentants des communes d'implantation de centrales nucléaires. "Nous ne disposons d'aucune information sur la mission précise de ces hommes", précise-t-il sur le site de La gazette des communes"Secret défense", souffle de son côté un gendarme de la centrale du Tricastin (Drôme).

2Parce que Greenpeace a fait plusieurs coups d'éclat

Plusieurs fois ces dernières années, l'organisation militante de protection de l'environnement Greenpeace, est parvenue à franchir les portes des centrales nucléaires françaises. Son objectif : dévoiler la vulnérabilité de ces installations. 

Ainsi, en 2007, des militants ont grimpés sur l'une des tours de refroidissement de la centrale de Belleville pour y peindre en lettres géantes "EPR = danger", sans que personne n'y puisse grand chose, indiquait à l'époque l'Express.fr.

Rebelote en 2011, des militants Greenpeace sont restés cachés plusieurs heures dans les centrales de Nogent-sur-Seine (Val-de-Marne) et de Cruas (Ardèche) avant que les services de sécurité ne leur mettent la main dessus. Quelques mois plus tard, en mai 2012, un autre militant parvient à survoler en parapente la centrale de Bugey (Ain) - ce qui est strictement interdit - avant de se poser dans le périmètre interdit du site...

Greenpeace survole et atterrit dans la centrale nucléaire du Bugey (Francetv info)

"Il s'agit essentiellement d'actions médiatiques", a rappelé le directeur général de la gendarmerie nationale, Jaques Mignaux, devant l'Assemblée nationale, mardi 10 juillet 2012. Ces tentatives n'ont jamais représenté de menaces en terme de sécurité", martèle-t-il. Quoi qu'il en soit, elles obligent les autorités, face aux failles qui ont été mises en évidence, à prendre des mesures. 

3Parce que l'opinion publique s'inquiète

Après les incursions militantes de décembre dernier, le ministre de l'Intérieur d'alors, Claude Guéant, s'était rendu dans la centrale d'Avoine (Indre-et-Loire) pour rassurer, et avait annoncé à cette occasion un renforcement des mesures de sécurité. "L'objectif est de faire en sorte que la sécurité des installations contre les risques terroristes soit durcie afin que la sûreté des centrales soit elle-même garantie dans des conditions d'efficacité optimale", avait-il déclaré à la presse, rapporte Libération

Pour certains gendarmes d'une brigade locale, voisine de la centrale du Tricastin, contactée par FTVi, il s'agit d'une décision "plus politique que sécuritaire". "Les PSPG vont être renforcés... Pourquoi ? Et au détriment de qui ? En un mot, eux, ils font les vigiles avec des moyens extraordinaires pendant que nos effectifs se réduisent", souffle l'un d'entre eux.

4Parce que les autres pays font la même chose

"Aux États-Unis et en Russie, les forces à l'intérieur des centrales sont plus nombreuses et les règles en matière de riposte armée n'obéissent pas aux mêmes considérations, a expliqué le général Jacques Mignaux devant les députés. Ce qui peut expliquer pourquoi les tentatives de pénétration d'associations sur des sites nucléaires dans ces pays-là sont moins nombreuses."

Après les incidents de mai 2012, Dominique Minière, directeur de la production nucléaire d'EDF, avait lui aussi évoqué l'exemple des Etats-Unis qui emploient des sociétés de sécurité privées, autorisées à tirer dès que quelqu'un s'approche d'une clôture. Sans approuver ce "système juridique différent", précise-t-il dans Le Figaro, il admet "qu'en terme de dissuasion, ce serait différent."

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