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Reportage "Un check-up énorme" : comment le "grand carénage" des centrales nucléaires tente d'allonger leur durée d'exploitation

EDF cherche à remettre en état le parc historique, mais aussi à allonger la durée de fonctionnement de réacteurs conçus pour fonctionner 40 ans. Exemple à la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher), en exploitation depuis 1983.
Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La turbine de la salle des machines de la centrale de Saint-Laurent des eaux (Loir-et-Cher) en démontage, en mars 2023. (GREGOIRE LECALOT / RADIO FRANCE)

Casque bien attaché, combinaison intégrale et dosimètre pour la radioactivité en position : tout est paré pour entrer dans le cœur du réacteur de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux. Devant le sas d'entrée, Magali Lefèvre, directrice technique de la centrale : "A la sortie de ce sas, une double porte, on se retrouvera vraiment dans le bâtiment réacteur." Nous entrons dans l'un des deux réacteurs de 900 mégawatts. Il est à l’arrêt pour passer sa quatrième visite décennale. Cet examen en profondeur doit permettre de décrocher l’autorisation de fonctionner dix ans de plus. "C'est un check-up énorme de l'installation, où l'on va contrôler beaucoup d'équipements, explique Magali Lefèvre. Ce sont des contrôles visuels, mais aussi par ultrasons, comme des échographies, pour s'assurer que nos matériels ont les performances attendues."

>> VIDEO. Au cœur d'une centrale nucléaire en travaux de rénovation

Cette fois, pour ce réacteur mis en service en août 1983, c'est plus qu'une visite décennale. Quarante ans, c'est une étape pour les réacteurs du parc : c'est la durée de vie minimale que leur ont donné leurs concepteurs. EDF a donc prévu un programme renforcé, appelé "grand carénage". Lancé en 2015, il ambitionne de remettre à niveau les standards de sûreté des réacteurs, en rajoutant par exemple des équipements lourds. "On a une modification emblématique, détaille Arnaud Bénard, responsable des activités dans le réacteur numéro 2 de Saint-Laurent-des-Eaux, c'est la modification corium : on vient installer un dispositif de récupération du combustible fondu, en cas d'accident grave. C'est très hypothétique, mais on se prépare au pire pour rejoindre les standards de l'EPR".

Vers une durée de vie "au-delà de 60 ans"

Avec les retours d’expérience de Fukushima et l'adaptation au changement climatique, EDF espère inscrire ses centrales dans l'avenir à long terme. Sylvie Richard est directrice du programme "grand carénage" d'EDF. "Nous avons créé un nouveau projet pour les cinquièmes visites décennales du palier 900 mégawatts, qui permettront à ces unités d'obtenir l'autorisation pour une poursuite d'exploitation entre 50 et 60 ans. Cela nous projette aussi sur tous les composants d'une centrale nucléaire, pour réfléchir à leur rénovation et à leur remplacement, dans une optique de durée de vie, y compris au-delà de 60 ans".

L’an dernier à Belfort, le président de la République est revenu sur l’objectif de fermeture de 12 réacteurs, inscrit dans la loi. Le "grand carénage" s’applique donc désormais à toutes les 56 unités. Quand il sera terminé, cette seconde jeunesse du parc historique aura coûté 66 milliards d’euros, plus que le coût prévisionnel des nouveaux réacteurs EPR 2.

Au cœur du réacteur de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux - Reportage de Grégoire Lecalot

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