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Ils ont participé à Orchestre debout : "Une réponse à ceux qui pensent à tort que Nuit debout, ce sont des punks à chien qui boivent de la bière"

Un impressionnant groupe de musiciens amateurs a interprété la "Symphonie du Nouveau monde" d'Anton Dvorak, mercredi soir, place de la République, à Paris.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les musiciens de l'Orchestre debout répètent avant leur concert, le 20 avril, place de la République, à Paris. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

Il n'aura fallu qu'une semaine pour mettre sur pied l'Orchestre debout. Quelque 300 musiciens amateurs, peut-être plus, ont interprété la Symphonie du Nouveau monde, d'Anton Dvorak, place de la République, à Paris, mercredi 20 avril. Clément, hautboïste de 29 ans, a lancé l'idée. "J'ai joué cette symphonie il y a 10 jours, avec un orchestre amateur, raconte-t-il à francetv info, après avoir passé quelques heures à la Nuit debout." Alors ce physicien de profession a pensé à mêler sa passion pour la musique et le mouvement né fin mars, "auquel je crois", dit-il. Et il est "complètement ravi" du résultat.

Impossible de dire combien ils étaient précisément. "Il y avait au moins six rangs de violons !", s'emporte Myriam, 29 ans. "Ce n'est pas une symphonie très facile, mais tout le monde, quel que soit son niveau, pouvait participer", raconte cette violoniste à francetv info. Myriam est familière de Nuit debout. Elle y a créé une "commission des possibles", avec des amis, et espère "faire émerger quelque chose de ce mouvement". Si elle est habituée à jouer "partout", en extérieur et dans des lieux non prévus pour la musique classique, avec son orchestre associatif Oppera, cette prof a découvert la partition de Dvorak "trois jours avant le concert"

"Pas de solo, pas d'ego, nous sommes un collectif"

La Symphonie du Nouveau monde s'est presque imposée d'elle-même : "Parce que nous souhaitons un nouveau monde, tout simplement meilleur, dans lequel la justice et la culture seront la base de la société, nous avons le droit et même le devoir de nous lever", explique Clément, qui a organisé l'événement sur Facebook. "Certains ont critiqué ce choix d'une ode à l'Amérique capitaliste, explique Myriam, "mais ce n'est pas que ça, c'est l'œuvre d'un compositeur tchèque qui découvre les grands espaces, et jouer cette musique magnifique est extrêmement enthousiasmant".

Par e-mail d'abord, auprès de ses amis musiciens, puis sur Facebook, Clément a donc inventé l'Orchestre debout : "Pas de solo, pas d'ego, nous sommes un collectif", précise-t-il. "C'est ma réponse à ceux qui pensent à tort que Nuit debout, ce sont des punks à chien qui ne font que boire de la bière", explique-t-il. Clément a demandé à un ami chef d'orchestre s'il était intéressé, "c'était indispensable d'avoir un chef solide pour faire jouer des gens qui n'ont jamais joué ensemble, et dont certains n'avaient jamais interprété cette symphonie". Grâce à un sondage en ligne, Clément et ses amis se sont fait une idée du nombre de musiciens intéressés et des différents instruments : violons, violoncelles, flûtes, clarinettes, trompettes, percussions…

Des musiciens amateurs interprètent la "Symphonie du Nouveau monde", d'Anton Dvorak, place de la République, à Paris, le 20 avril 2016. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

"C'était génial de jouer avec plein d'inconnus"

"Je ne pensais pas voir de contrebassistes, car ce sont des instruments compliqués à transporter", poursuit Clément. Pourtant, ils étaient "peut-être 14", selon Alexandre, lui-même venu avec sa contrebasse. Il n'avait jamais participé à la Nuit debout avant mercredi soir, "mais c'est l'occasion de découvrir", et il ne le regrette pas. "C'était vraiment génial de jouer avec plein d'inconnus, très différent du programme d'un orchestre qu'on répète pendant plusieurs mois avant un concert dans un lieu prévu pour ça"; raconte le trentenaire. Lui non plus n'avait jamais joué la symphonie du Nouveau monde, "mais il y avait pas mal de musiciens solides, des gens capables d'entraîner les autres".

Il y avait des saxos qui jouaient des partitions de haut-bois, on voyait le chef, mais pas les cors qui étaient loin derrière, comme si la cavalerie arrivait du Far West

Clément, hautboïste

à francetv info

Les musiciens, dont la plupart ne se connaissaient pas, ont répété "pendant maximum 1h30, par petits groupes", avant d'entamer le premier mouvement de la plus célèbre des œuvres du compositeur tchèque Anton Dvorak. Pour jouer, dans le noir, à 22 heures, "les uns avaient leurs lampes de pupitre, d'autres des lampes frontales". Trois chefs, "chacun un mouvement", se sont relayés pour emmener l'ensemble, parfois avec leur portable pour éclairer leur pupitre. "C'était compliqué à guider, explique Clément, mais il n'y a pas eu de plantage et c'était une expérience fantastique".

Les musiciens aimeraient renouveler cette expérience, peut-être le 30 avril. "On en discute avec Nuit debout, pour coordonner les emplois du temps et ne pas empiéter sur un autre événement". Myriam et Alexandre sont "carrément" partants. Le contrebassiste a déjà proposé une œuvre aux organisateurs : l'Ode à la joie, finale du dernier mouvement de la Neuvième symphonie de Beethoven. "Comme ça, le public pourrait participer ", conclut-il.

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