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Coup de filet antipédophile : "Cela va du chômeur au professeur en passant par un imam, des cadres, des informaticiens"

61 suspects de "toutes les couches sociales", "tous les âges", "tous les environnements familiaux" et professionnels ont été arrêtés, selon l'office central pour la répression des violences aux personnes.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un policier au centre d'information de la police nationale, à Paris, le 16 juin 2016 (photo d'illustration). (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Une soixantaine de personnes ont été interpellées depuis le début de la semaine en France, soupconnées de télécharger et de consulter des images et vidéos pédopornographiques, grâce au pair à pair, un système d'échange de fichiers direct entre utilisateurs, sans recours à des serveurs intermédiaires. Eric Berot, chef de l'office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP), a affirmé ce jeudi sur franceinfo que "toutes les couches sociales de la société sont touchées" par le phénomène. Il y a en France 100 000 connexions par an sur des sites pédopornographiques. "Il faut vraiment que la France se donne les outils pour lutter contre ce phénomène", a-t-il affirmé.

franceinfo : Comment avez-vous procédé pour identifier ces internautes ?

Eric Berot : Il y a plusieurs semaines l'OCRVP a identifié un certain nombre d'internautes qui téléchargeaient des fichiers pédopornographiques sur les réseaux pair à pair. Nous avons décidé de mener une opération de grande envergure avec l'ensemble des services de police judiciaire locaux afin de procéder à une série d'interpellations dans la semaine du 5 au 10 octobre. On a mobilisé pour cela 220 fonctionnaires de police judiciaire, dont une soixantaine de spécialistes en cybercriminalité. On a interpellé jusqu'à ce jeudi matin en tout 61 personnes. On a saisi des centaines de disques durs externes, de téléphones, d'ordinateurs, de tablettes, de clés USB, de CD, de DVD. Les premières investigations ont révélé que quatre de ces individus, en plus de télécharger des fichiers pédopornographiques, avaient commis des viols soit dans le domaine intrafamilial, soit dans le domaine professionnel.

Quels sont les profils des personnes interpellées ?

Il n'y a pas du tout de profil type. C'est une infraction qui transcende toutes les couches sociales et tous les âges puisque dans cette opération, nous avons des gens qui ont entre 28 et 75 ans. Nous avons des environnements familiaux qui sont totalement différents. Nous avons des couples avec enfants, des couples sans enfants, des célibataires, des gens divorcés avec enfants et sans enfants. Donc véritablement, toutes les couches sociales de la société sont touchées. Et dans les professions, c'est exactement pareil. Cela va du chômeur au professeur en passant par un éducateur sportif, un imam, des employés, des cadres, des informaticiens. Toutes les couches de la société sont touchées par ce phénomène.

Certains de ces suspects étaient connus de vos services ?

Oui, tout à fait. Certains étaient connus. On avait d'ailleurs ciblé trois catégories de personnes. On avait ciblé soit des gens qui avaient de gros volumes de téléchargement, soit des gens qui avaient un environnement professionnel, qui pouvaient laisser à penser qu'ils passaient à l'acte. Et effectivement, des gens qui étaient déjà connus pour des faits similaires ou inscrits au fichier Fijais (Fichier des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes).

Observez-vous une recrudescence des téléchargements de fichiers pédopornographiques en France ?

C'est quelque chose qui est très compliqué à mesurer. On n'a pas vraiment de chiffres. Ce qu'on a constaté, c'est que pendant le confinement, effectivement, on a eu une augmentation des volumes de téléchargement. Mais on ne peut pas tellement en dire plus. On est quand même en France à 100 000 connexions par an, ce qui est quand même beaucoup. Donc, il faut vraiment que la France se donne les outils pour lutter contre ce phénomène. Il manque une meilleure coordination. Je pense qu'il faudrait créer, comme pour l'office anti-stupéfiant (OFAST), un service, et l'OCRVP est tout à fait légitime, pour coordonner l'action en matière de lutte contre la pédopornographie.

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